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Et ce gros buffle moscovite,
Qui voulait nous porter méchef,
Est traité selon son mérite.

Je crois qu’autrefois Apollon,
Avant que d’un trait redoutable
Il perçât le serpent Python,
Fit contre lui quelque chanson,
Ou quelque épigramme agréable.

De ce dieu beaucoup vous tenez ;
Vous avez ses traits et sa lyre,
Vous battez et vous chansonnez[1]
Les ennemis de votre empire.

Sire, on ne peut guère dire des choses plus fortes contre les Moscovites, ni faire de meilleures plaisanteries sur les médecins[2] que ce que j’ai lu dans les derniers vers que Votre Majesté a bien voulu m’envoyer.

Bien est-il vrai qu’il y a toujours quelques petites fautes contre la langue qui échappent à la rapidité de votre style et à la beauté de votre imagination.


Quel est le feu céleste[3]
Ou quelle ardeur funeste
Embrasa ces glaçons ?

M. le maréchal de Belle-Isle, qui est à présent l’un de nos Quarante[4], vous dira qu’après ce vers :


Quel est le feu céleste,


il faudrait un qui, ou bien il vous dira qu’on aurait pu mettre :


Quelle flamme funeste,
Infernale ou céleste,
Embrasa ces glaçons ?

La strophe qui suit est admirable ; mais des critiques sévères vous diront que la Discorde ne vomit guère de tisons. J’exami-

  1. Le roi de Prusse avait chansonné Elisabeth même, et elle s’en souvint en 1756. Voyez tome XV, page 344.
  2. Les Stances contre un médecin ; voyez la note 3, page 22.
  3. Ces vers étaient dans l’Ode sur les troubles du Nord, Le roi y a fait un changement. (B.)
  4. Belle-Isle fut reçu à l’Académie française en 1749, à la place d’Amelot de Chaillou.