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ouverte à tous les vents. Je maintiens que les femmes ont plus de courage que les hommes, ou qu’elles ont plus de chaleur naturelle. Moi, qui en ai fort peu, je reste chez moi à mon ordinaire.

Ce qu’on vous a dit contre l’orthographe du Siècle de Louis XIV ne me convertira pas. Je suis toujours pour qu’on écrive comme on parle ; cette méthode serait bien plus facile pour les étrangers. Comment est-ce qu’un palatin de Pologne distinguerait François Ier, ou saint François, d’avec un Français ? Ne se croira-t-il pas en droit de prononcer il oit, il croyoit ? au lieu de dire il voyait, il croyait ? Nous avons conservé l’habitude barbare d’écrire avec un o ce qu’on prononce avec un a ; pourquoi ? parce qu’on prononçait durement tous ces o autrefois ; parce que voyoit, lisoit, rimait avec exploit. Nous avons adouci la prononciation, il faut donc adoucir aussi l’orthographe, afin que tout soit d’une même parure.

Pardon de la dissertation. Je suis bien heureux qu’on ne me fasse que ces chicanes. Je vous embrasse de tout mon cœur.


2322. — À M. FORMEY.
Le 19 janvier.

Je vous renvoie, monsieur, ce petit livre[1]. Je disposais mon corps cacochyme à ne me pas refuser le service demain, et à grimper à l’Académie, pour vous entendre ; mais j’apprends que la fête s’est faite aujourd’hui. Je n’ai point reçu de billet. Je vous embrasse. V,


2323. — À M. FORMEY.
Le 20 janvier.

Je vous souhaite toutes les commodités de la vie[2], et même


Le superflu, chose très-nécessaire[3],


pour en avoir dit tant de bien. Je vous envoie, mon cher philosophe, une farce[4] en revanche de votre belle pièce. La farce est un tant soit peu leibnitzienne, vraiment, Vale.

  1. Formey ne dit pas quel était ce petit livre.
  2. Formey venait de lire, à l’Académie de Berlin, un discours sur l’Obligation de se procurer les commodités de la vie.
  3. Le Mondain, vers 22.
  4. Formey dit ne pas se rappeler ce que c’était que cette farce. C’est peut-être l’article sur les Œuvres de Maupertuis, que nous avons donné tome XXIII, page 535.