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temps traité avec bien de l’indignité, et j’ai cela furieusement sur le cœur.

Il s’est certainement perdu un paquet qui contenait des exemplaires du Siècle de Louis XIV corrigés à la main[1].

Ces corrections, avec les cartons qu’il a fallu faire, tout cela prend du temps, et on n’a pas toutes ses aises où je suis. Des ouvriers allemands sont de terribles gens. Enfin vous recevrez ce Siècle. Je supplie instamment M. de Choiseul, M. de Chauvelin, aussi bien que vous, mon cher ange, de m’envoyer force remarques ; on ne peut faire un bon ouvrage qu’avec le secours de ses amis, et surtout d’amis tels que vous.

Je ne vous envoie point ce livre, messieurs, pour amuser votre loisir, mais pour exercer votre critique et votre amitié. Ce n’est point du tout un petit plaisir que je veux vous faire, un petit devoir que je veux remplir ; c’est un très-grand service que je vous demande. Préparez-vous d’ailleurs à l’horrible combat qui va se donner pour Rome. Il y a une conspiration contre moi plus forte que celle de Catilina ; soyez mes Cicérons, Je ne sais comment va la santé de Mme d’Argental. Je lui présente mes respects, et lui souhaite une meilleure santé que la mienne.


2320. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, Votre Majesté peut savoir que, de tous les Français qui sont à votre cour, j’étais le plus tendrement attaché à M. de Rottembourg. Il m’avait promis, en dernier lieu, qu’il me ferait l’honneur d’être mon exécuteur testamentaire, et je ne m’attendais pas qu’il dût périr avant moi. Je vous fis demander, il y a quelques jours, de me mettre à vos pieds, et de mêler un moment ma douleur à la vôtre, et je sortis de mon lit, où je suis presque toujours retenu, pour venir m’informer dans votre antichambre de l’état de votre santé, craignant que votre sensibilité ne vous rendît malade.

Au reste, je demande pardon à Votre Majesté de lui avoir écrit sur une autre affaire, dans le temps où j’ignorais la mort de M. de Rottembourg. Je suis bien éloigné de m’être occupé de cette bagatelle. Je ne le suis que de la perte que vous avez faite ; et je peux encore ajouter que Votre Majesté doit s’apercevoir, par

  1. Il est parlé d’exemplaires d’ouvrages de Voltaire avec des corrections manuscrites dans le tome XIX, page xiv ; et dans une note, tome XXXV, page 436.