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Je vous avais dit, mon cher ange, en commençant ma lettre, que je ne parlerais ni de Rome ni du Siècle de Louis XIV ; cependant je dépêche par le courrier deux volumes tout farcis de corrections. Cela coûte beaucoup de soins, et je n’ai guère de temps. Vous ferez, vous et MM. de Choiseul et de Chauvelin, comme vous pourrez ; mais je vous conjure de lire fort vite.

Ne connaissez-vous personne au fait de l’histoire moderne qui pût, aussi fort vite, m’instruire des fautes que je n’aurai pas aperçues ? M. de Foncemagne[1] serait-il homme à prendre cette peine ? Je suis dans la nécessité de laisser paraître l’ouvrage sous peu, parce que des compagnons imprimeurs sont des exemplaires, et que je serais prévenu. Il ne s’agit pas ici de s’amuser, il s’agit de me rendre service, de m’instruire ; je vous le demande en grâce. Consignez tout de suite le livre entre les mains de Mme  Denis. Mille adorations à tout ange.


2312. — À M. G.-C. WALTHER.
28 décembre 1751.

J’examine avec soin votre édition. Il y a beaucoup de fautes. Jugez où nous en aurions été si je vous avais donné d’ahord à imprimer le Siècle de Louis XIV. Il a fallu l’imprimer chez l’imprimeur du roi de Prusse. C’est M. de Francheville, conseiller aulique, qui s’est chargé de l’édition, et il y a encore des cartons à faire. Mon nom n’est point à la tête de l’édition. On sait assez, dans l’Europe, que j’en suis l’auteur ; mais je ne veux pas m’exposer à ce qu’on peut essuyer, en France, de désagréable quand on dit la vérité. J’ai donc pris le parti de ne point envoyer d’exemplaire en France. Ce n’est pas moi qui ai le privilège impérial ; et celui de Prusse est sous le nom de M. de Francheville. Il y a, comme je vous l’ai mandé, trois mille exemplaires de tirés, dont quatre-vingts ou à peu près peuvent être ou gâtés ou incomplets ; j’en envoie cinq cents à un de mes amis à Londres. Ce débit ne passera point par les mains des libraires, c’est une affaire particulière. Reste donc deux mille cinq cents exemplaires dont je puis disposer : j’en prends cent pour faire des présents, et je me déferai des deux mille quatre cents exemplaires restants avec un seul libraire auquel je transporterai le privilège, le droit de copie et de faire traduire. Les deux volumes contiennent chacun à peu

  1. Membre de l’Académie des inscriptions.