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forteresses, des finances, des procès, sont de tout pays ; toutes les gazettes ne sont remplies que de ces misères. Je compte vous revoir le 16, et je vous souhaite santé, tranquillité et contentement. Adieu.


2279. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Potsdam, le .. septembre.

Mon cher ange, parlons d’abord de Catilina et de Nonnius : car, si je me mettais d’abord sur vos bontés, sur les regrets que vous, et ma nièce, et mes amis, m’inspirent continuellement, je ne finirais jamais ; il n’y aurait plus de place pour Rome sauvée.

Sans doute il y a beaucoup d’obscurité dans la manière dont on expédiait ce pauvre Nonnius ; mais il est aisé d’éclaircir tout cela en deux mots.

Je commence par faire dire à Aurélie, au troisième acte :


Et je te donne au moins, quoi qu’on puisse entreprendre,
Le temps de quitter Rome et d’oser t’y défendre ;
Je vole et je reviens.

(Scène III.)

Cette promesse de revenir fait déjà voir qu’elle ne sera pas longtemps avec son père, et donne à Catilina le loisir d’exécuter son projet, dès qu’Aurélie aura quitté Nonnius. Il faut qu’on sente aussi qu’il ne compte point du tout sur le pouvoir de sa femme auprès de Nonnius. Ainsi il dit à part :


Ciel ! quel nouveau danger !
Écoutez… le sort change, il me force à changer…
Je me rends, je vous cède, il faut vous satisfaire…
Mais songez qu’un époux est pour vous plus qu’un père, etc.

(Scène iii.)

Ensuite, quand il a laissé sortir Aurélie, voici l’ordre précis qu’il donne à Martian et à Septime :


Vous, fidèle affranchi, brave et prudent Septime,
Et toi, cher Martian, qu’un même zèle anime,
Observez Aurélie, observez Nonnius ;
Allez, et, dans l’instant qu’ils ne se verront plus,
Abordez-le en secret, parlez-lui de sa fille,
Peignez-lui son danger, celui de sa famille.
Attirez-le en parlant vers ce détour obscur, etc.

(Scène IV.)