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deux tomes que vous avez eu la bonté de me prêter. Je crois avoir vu dans votre cabinet la Bibliothèque des Théâtres, les Lettres de M. Pellisson, et les Grands Hommes de Charles Perrault. Si vous voulez avoir encore la bonté, monsieur, de me prêter ces livres, je vous serai plus obligé que jamais, et je vous les rendrai fidèlement avec la Chronologie du président Hénault.

Oserai-je vous supplier de vouloir bien présenter mes respects à M. le comte de Podewils et de recevoir les miens ? Je me flatte de venir vous remercier au premier voyage de Sa Majesté.


2234. — DE MADAME DENIS
à m. berryer, lieutenant général de police.
Ce 20 mai 1751.

Permettez-moi, monsieur, de vous rendre compte de la réussite de l’affaire dans laquelle vous m’avez obligée si efficacement. Quand Longchamp a vu que mon portier et mes autres domestiques étaient prêts à faire leur déposition chez un commissaire, et que M. le maréchal de Richelieu s’était chargé de faire faire celle de l’homme qui avait copié chez moi pendant mon absence, que vous daigniez faire usage de ces dépositions, la peur a pris si vivement à ce Longchamp et à la femme qui était sa complice qu’il m’est venu trouver, m’a tout avoué, et m’a tout rendu. Il avait exactement tous les papiers de mon oncle, c’est-à-dire son Histoire universelle, celle du Siècle de Louis XIV, les Campagnes de Louis XV, et cette Pucelle, qui sans vos bontés serait devenue la fiancée du roi de Garbe. J’espère que cette petite leçon rendra à l’avenir M. de Voltaire moins confiant. Nous sommes tous deux pénétrés des soins que vous avez bien voulu prendre ; je voudrais vous convaincre de ma reconnaissance, et des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre trés-humble et très-obéissante servante.


Mignot Denis.

2235. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE

Vous qui daignez me départir
Les fruits d’une muse divine,
roi ! je ne puis consentir
Que, sans daigner m’en avertir,
Vous alliez prendre médecine.
Je suis votre malade-né,
Et sur la casse et le séné
J’ai des notions non communes.
Nous sommes de même métier ;
Faut-il de moi vous défier,
Et cacher vos bonnes fortunes ?