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ses ardeurs. Je viens d’écrire à M. de Raesfeld[1] que je serai, au plus tard, dans les premiers jours de juillet, dans vos États de Clèves, et je le prie de songer au vorspann[2]. Je vous fais, sire, la même requête. Faites de belles revues dans vos royaumes du Nord ; imposez à l’empire des Russes ; soyez l’arbitre de la paix, et revenez présider à votre Parnasse. Vous êtes l’homme de tous les temps, de tous les lieux, de tous les talents. Recevez-moi au rang de vos adorateurs ; je n’ai de mérite que d’être le plus ancien. Le titre de doyen de ce chapitre ne peut m’être contesté. Je prendrai la liberté de dire de Votre Majesté ce que La Fontaine, à mon âge, disait des femmes : « Je ne leur fais pas grand plaisir, mais elles m’en font toujours beaucoup. »

Je me mets aux pieds de Votre Majesté.


Ah ! que mon destin sera doux
Dans votre céleste demeure !
Que d’Arnaud vive à vos genoux,
Et que votre Voltaire y meure !


2090. — À MADAME LA DUCHESSE DU MAINE.

Je suis aux ordres de Votre Altesse sérénissime, sans réserve ; je les attends dimanche à cinq heures. Je ne suis pas ingrat comme votre petit chien, et je suis à jamais, de votre belle âme, l’adorateur le plus soumis, le plus respectueux et le plus fidèle, sans condition aucune. Je serai donc à vos ordres dimanche ; mais je vous supplie de m’envoyer mercredi à Versailles, où j’ai une affaire indispensable. Cette affaire n’est que la seconde qui m’intéresse ; la première est de vous plaire, de vous apporter mes vers, ma toux, mon cœur, mon admiration pour votre esprit, et ma respectueuse reconnaissance pour vos bontés.


2091. — À MADAME LA DUCHESSE DU MAINE.
À Paris, ce dimanche.

Ma protectrice, en arrivant de Versailles, et non de la cour, j’ai appris que Votre Altesse sérénissime voulait me donner de nouveaux ordres et de nouveaux conseils lundi. Elle est la maîtresse de tous les jours de ma vie, et j’ai assurément pour elle

  1. Président de la régence de Clèves depuis 1742.
  2. Voyez tome XXXVI, page 217.