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Qui du Champagne a la mousse légère,
Flatte le goût, et donne la santé ;
Les restes du vin de Voltaire
Sont le nectar de l’immortalité.

J’assure Mme Denis de mes très-humbles respects. Je me flattais qu’elle m’honorerait d’un mot de réponse ; le roi a fort envie de voir la comédie, venez donc avec assurance de plaire.


Le temps, de ses rides cruelles,
N’a point sillonné vos attraits ;
Vous êtes du nombre des belles
Dont l’éclat ne périt jamais.
Pour quelque papillon volage
Que vous ne pouvez arrêter,
Combien de cœurs qu’on peut citer
Sont encor dans votre esclavage !

J’attends un mot de réponse, et suis avec respect, mon cher maître, votre admirateur, votre disciple et votre ami.


2089. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Paris, le 9 juin.

Votre très-vieille Danaé
Va quitter son petit ménage
Pour le beau séjour étoilé
Dont elle est indigne à son âge.
L’or par Jupiter envoyé
N’est pas l’objet de son envie ;
Elle aime d’un cœur dévoué
Son Jupiter, et non sa pluie.
Mais c’est en vain que l’on médit
De ces gouttes très-salutaires :
Au siècle de fer où l’on vit.
Les gouttes d’or sont nécessaires

On peut du fond de son taudis,
Sans argent, l’âme timorée,
Entouré de cierges bénits,
Aller tout droit en paradis,
Mais non pas dans votre empyrée.

Je ne pourrai pourtant, sire, être dans votre ciel que vers les premiers jours de juillet. Je ferai, soyez-en sûr, tout ce que je pourrai pour arriver à la fin de juin. Mais la vieille Danaé est trop avisée pour promettre légèrement ; et, quoiqu’elle ait l’âme très-vive et très-impatiente, les années lui ont appris à modérer