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à qui on veut ôter les trésors imaginaires dont ils se repaissaient ; ils se croient appauvris si la nature a des vides. Il semble qu’on les vole ; il y en a qui se fâchent sérieusement. Pour moi, je me garderai bien de me fâcher de rien, tant que divus Federicus et diva Æmilia m’honoreront de leurs bontés.

Nous venons d’être un peu plus instruits de ce Beringen ; c’est une ville entre le pays de Liège et Juliers. Si cela était à la bienséance de Sa Majesté, et qu’elle daignât l’honorer du titre de sa sujette, on recevrait, comme de raison, toutes les lois que Sa Majesté daignerait prescrire. Mme  du Châtelet n’a pas osé en parler à Votre Altesse royale ; elle me charge d’oser demander votre protection. Nous nous conduirons dans cette affaire par vos seuls ordres. Mme  du Châtelet vient d’envoyer un homme sur les lieux ; c’est un avocat de Lorraine.

Si l’affaire pouvait tourner comme je le souhaite, il ne serait pas difficile de déterminer M. le marquis du Châtelet à faire un petit voyage. Enfin j’ose entrevoir que je pourrais, avec toutes les bienséances possibles, dussent les gazettes en parler, venir me jeter aux pieds de Votre Altesse royale, et voir enfin ce que j’admire.

J’espère que votre autre sujet, M. Thieriot, va venir pour quelques jours dans votre château de Cirey. C’est alors que votre culte y sera parfaitement établi, et que nous chanterons des hymnes que le cœur aura dictés.

Je suis, avec le plus profond respect et cette tendre reconnaissance qui augmente tous les jours, etc.


929. — AU RÉDACTEUR[1] DE LA BIBLIOTHÈQUE FRANÇAISE.
À Cirey en Champagne, le 30 août[2].

J’ai reçu, monsieur, le petit écrit que l’éditeur des Éléments de Newton a fait imprimer contre moi. Je suis beaucoup plus reconnaissant des deux beaux chapitres qu’il a bien voulu ajouter à la fin de mon ouvrage que je ne suis fâché des choses désobligeantes qu’il peut me dire. Il est vrai que je ne suis pas

  1. Ce rédacteur était alors un fripon de jésuite apostat nommé du Sauzet, que Voltaire cite dans le volume suivant, lettre 998.
  2. Cette lettre a été imprimée à la page 161 du tome XXVII de la Bibliothèque française. Elle y a pour titre : Réponse de M. de Voltaire à un écrit intitulé la Vérité découverte, et inséré dans les Mémoires historiques du mois de juillet 1738, imprimés à Amsterdam chez Etienne Ledet et Compagnie. Voyez le tome XXII de la présente édition, page 398.