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Je me flatte que M. d’Argental passera à Cirey, Je voudrais bien qu’il vous y trouvât. Il n’a jamais rien fait de si sage que de ne point aller à Saint-Domingue ; et vous ne ferez jamais rien de si bien que de venir nous voir.

Mon amitié est bien honteuse d’une si courte lettre ; mais, quand je vous tiendrai ici, mon amitié sera bien bavarde.


901. — À M. BERGER.
Cirey.

J’ai reçu votre lettre, mon cher monsieur. Non-seulement j’ai souhaité que M. de Latour fût le maître de faire graver mon portrait, mais j’ai écrit à l’abbé Moussinot en conséquence ; ce n’est pas pour l’honneur de mon visage, mais pour l’honneur du pinceau de ce peintre aimable. À lui permis de m’exposer : son pinceau excuse tout. Il y a des personnes assez curieuses pour vouloir avoir ce petit visage-là gravé en pierre à cachet. Si M. de Latour veut encore se charger de cette besogne, il sera le maître du prix. Priez-le de m’instruire comment il faut s’y prendre, et dans quel temps on pourrait espérer une douzaine de pierres.

Si vous pouvez me faire transcrire une douzaine ou deux des lettres les plus intéressantes écrites à M. de Louvois et de ses réponses, les plus propres à caractériser ces temps-là, vous rendriez un grand service à l’auteur du Siècle de Louis XIV. Je vous supplie de ne rien épargner pour cela.

J’ai de meilleurs mémoires sur le czar Pierre que n’en a l’auteur de sa Vie. On ne peut être plus au fait que je le suis de ce pays-là, et quelque jour je pourrai faire usage de ces matériaux ; mais on n’aime ici que la philosophie, et l’histoire n’y est regardée que comme des caquets. Pour moi, je ne méprise rien. Tout ce qui est du ressort de l’esprit a mes hommages.

M. d’Argental nous a mandé son départ pour ses terres. Nous espérons qu’il passera par Cirey. Il y trouvera une espèce de nouveau monde fort différent de celui de Paris. Vos lettres font toujours grand plaisir aux habitants de ce monde-là.


902. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
14 juillet (1738).

Il n’y a, mon cher abbé, qu’à renvoyer la montre, et, lorsqu’on vous présentera le billet de huit cent quarante livres de la

  1. Édition Courtat.