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Mais comme la rage des zoïles porte souvent la calomnie aux oreilles de ceux qui peuvent nuire, je vous prie de m’avertir de tout. Je vous embrasse, mon cher ami.


887. — À M. THIERIOT[1].
Cirey, 23 juin 1738.

Mon cher ami, il y a bien une autre omission dans le manuscrit sur le livre de M. Dutot[2]. Voici ce que le copiste a oublié et qu’il faut restituer : Ce que je dis du seigneur, je le dis du magistrat, de l’homme de lettres, etc. Le laboureur achète alors plus cher sa vaisselle d’étain, sa tasse d’argent, son lit, son linge. Enfin le chef de la nation est lui-même dans ce cas.

Je vous prie de restituer ce petit passage. Si vous jugez cet écrit digne de l’impression, chargez-en le Pour et Contre, et que j’aie la satisfaction de voir votre nom et le mien unis, comme nos cœurs le sont depuis plus de vingt ans.

Vous devez être content du petit trait qui vous regarde dans la lettre à M. Maffei.


888. — À M. DE PONT-DE-VEYLE.
À Cirey, le 23 juin.

Enfin nous avons lu le Fat puni ; nous sommes provinciaux, mais nous ne pouvons pas dire que nous prenons les modes quand Paris les quitte ; la mode d’aimer cet ouvrage charmant ne passera jamais.

Du fat que si bien l’on punit
Le portrait n’est pas ordinaire,
Et le Rigaut qui le peignit
Me paraît en tout son contraire.
C’est le modèle des auteurs,
Qui connaît le monde et l’enchante,
Et qui sait jouir des faveurs
Dont monsieur le marquis se vante.

Je pourrais bien être un fat aussi de vous envoyer des vers si misérables, mais que je ne sois pas le Fat puni. Pardonnez à un mauvais physicien d’être mauvais poëte. Mme  du Châtelet est

  1. Éditeurs, de Cayrol et François (Supplément).
  2. Voyez, tome XXII, les Observations sur Lass, Melon et Dutot.