Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/513

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Votre Altesse royale a lu, sans doute, l’excellent livre de M. de Maupertuis. Un homme tel que lui fonderait à Berlin (dans l’occasion) une académie des sciences qui serait au-dessus de celle de Paris.

J’ai reçu une lettre de M. de Keyserlingk, de l’Éphestion de Remusberg ; vous avez, grand prince, ce qui manque à ceux qui sont ce que vous serez un jour, vous avez de vrais amis.

Je suis étonné de voir par la lettre de Votre Altesse royale non datée[1], qu’elle n’a point reçu les quatre actes de la Mérope, accompagnés d’une assez longue lettre. Cependant il y a six semaines que M. Thieriot m’accusa la réception du paquet, et dut le mettre à la poste. Il y a eu quelquefois de petits dérangements arrivés au commerce dont vous m’honorez. Je compte envoyer bientôt à Votre Altesse royale un exemplaire d’une édition plus correcte des Éléments de Newton. Il n’y a que vous au monde, monseigneur, qui puissiez allier tout cela avec la foule de vos occupations et de vos devoirs.

Mme du Châtelet ne cesse d’être pénétrée pour votre personne d’admiration… et de regrets. Vous m’avez donné un grand titre[2] ; je ne pourrai jamais le mériter, quoique mon cœur fasse tout ce qu’il faut pour cela. Un homme, que le fameux chevalier Sidney avait aimé, ordonna qu’après sa mort on mît sur sa tombe, au lieu de son nom : Ci gît l’ami de Sidney. Ma tombe ne pourra jamais avoir un tel honneur : il n’y a pas moyen de se dire l’ami de…[3]

Je suis, avec la plus profonde vénération et le dévouement tendre que vous daignez permettre, etc.


884. — À M. THIERIOT[4].
Juin 1738.

Voici, mon cher ami, un paquet pour le prince philosophe.

Je vous adresse ma réponse à M. le marquis de Maffei ; je vous prie de la lui faire tenir. Je crois qu’il faut l’adresser à l’ambassadeur de Sardaigne ; vous pourrez la lui faire lire, si vous voulez, avant de la cacheter. J’abandonne tout cela à votre prudence et à votre amitié.

Je voudrais bien qu’Orphée-Rameau me renvoyât sur-le-

  1. Voyez la lettre 877.
  2. Celui de mon cher ami.
  3. L’auteur laisse ici en blanc, par respect, le nom de Frédéric.
  4. Éditeurs, Bavoux et François.