Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est à moi, et il apportera la cargaison d’instruments de physique ; mais je ne le veux que dans un mois. L’astronomie est très-peu de chose pour un homme qui est déjà géomètre, et il l’apprendra bien vite.

Je vous supplie de donner douze cents livres à M. Nollet, à compte des instruments de physique qu’il fournira à votre ordre.

Vous devez avoir reçu une lettre pour donner cinq cents livres à une dame.

À l’égard de d’Arnaud, voulez-vous bien avoir la bonté de lui donner cinquante livres, quand il aura fait la préface en question, que vous m’enverrez ? C’est, je crois, un bon garçon. Je l’aurais pris auprès de moi s’il avait su écrire.

Monsieur votre frère fera auprès de M. d’Auneuil tout ce que vous jugerez à propos, mais dispensez-moi de lui écrire.

Je ne peux envoyer l’original de mon portrait, M. de La tour en a un. Servez-vous, au pis-aller, de la copie.

J’ai de si prodigieuses dépenses à faire cette année, et j’ai déjà tant dépensé, que je ne peux acheter un tableau.

Si je retourne à Paris, nous brocanterons vigoureusement.

Je vous embrasse.

Envoyez-moi la montre, mon cher abbé.


882. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Amalthée, 17 juin.

Mon cher ami, c’est la marque d’un génie bien supérieur que de recevoir, comme vous faites, les doutes que je vous propose sur vos ouvrages. Voilà donc Machiavel rayé de la liste des grands hommes, et votre plume regrette de s’être souillée de son nom. L’abbé Dubos, dans son parallèle[1] de la poésie et de la peinture, cite cet Italien politique au nombre des grands hommes que l’Italie a produits[2]. Il s’est trompé assurément, et je voudrais que dans tous les livres on pût rayer le nom de ce fourbe politique du nombre de ceux où le vôtre doit tenir le premier rang.

Je vous prie instamment de continuer le Siècle de Louis XIV. Jamais l’Europe n’aura vu dépareille histoire ; et j’ose vous assurer qu’on n’a pas même l’idée d’un ouvrage aussi parfait que celui que vous avez commencé. J’ai même des raisons qui me paraissent plus pressantes encore pour vous prier de finir cet ouvrage.

  1. Réflexions critiques sur la Poésie et sur la Peinture.
  2. Que l’Italie a produits depuis le renouvellement des sciences. (Œuvres posthumes.)