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878. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 12 juin (1738).

Mon chet abbé, en vous remerciant toujours de tous vos soins. Je m’arrange pour mon cabinet de physique.

J’enverrai à M. Nollet le mémoire de ce qu’il me faut, et vous lui donnerez de l’argent tout d’un coup.

J’attends les livres que j’ai demandés. À l’égard de ceux qu’il faudra renvoyer, je les adresserai toujours aux libraires, et s’il faut aller à la chambre syndicale, c’est à eux à prendre cette peine.

Je vous ai mandé, au sujet de d’Arnaud, le dessein que j’avais eu de lui faire gagner quelque argent par une traduction d’un livre italien.

Présentez-lui le petit Mémoire ci-joint, transcrit de votre main : vous aurez la bonté de me renvoyer l’original. La petite besogne qu’on lui propose est l’affaire de trois minutes. Il sera bon qu’il signe ce petit écrit, afin qu’on ne puisse me reprocher d’avoir fait moi-même cet avertissement nécessaire, qui doit être de la main d’un autre. À l’égard de M. d’Auneuil, monsieur votre frère consommera cette affaire quand il en aura le temps.

Je vous embrasse tendrement.

Cette lettre ne viendra point par la poste.


879. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
12 juin.

Mme  de Richelieu a dû vous remettre, mon cher ange gardien, une Mérope dont les quatre derniers actes sont assez différents de ce que vous avez vu. Si vous avez le temps d’en être amusé, jetez les yeux sur ce rogaton comme sur le dernier des hommages de cette espèce que nous vous rendons ; et si vous aviez même le temps de nous dire ce que vous pensez de cette pièce à la grecque, mandez-le-nous.

On nous flatte que vous ne partez pas si tôt ; c’est ce qui nous enhardit à vous parler d’autre chose que de ce cruel départ. Le temps de notre condamnation nous laisse, en s’éloignant, la liberté de respirer ; mais, s’il arrive enfin que vous partiez, nous serons au désespoir, et nous n’en relèverons point.

  1. Édition Courtat.