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d’être exprimées en aucune langue. Gresset ne tombe point dans ce défaut : il écrit purement ; il a des vers heureux et faciles ; il ne lui manque que de la force, un peu de variété, et surtout un style plus concis : car il dit d’ordinaire en dix vers ce qu’il ne faudrait dire qu’en deux ; mais votre esprit supérieur sent tout cela mieux que moi.

Je m’imagine que M. le baron de Keyserlingk est enfin revenu vers son étoile polaire, et que Louis XIV et Newton ont subi leur arrêt. J’attends cet arrêt pour continuer ou pour suspendre l’histoire du Siècle de Louis XIV.

Je suis avec un profond respect et la plus tendre reconnaissance, pariter cum Æmilia, etc.


838. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
6 mars (1738).

Vous verrez, mon cher abbé, par cette petite réponse au sieur Camuzat, la manière dont je pense.

Je vous prie de constituer vite procureur et de plaider : les frais ne peuvent tomber que sur M. d’Estaing, et je suis assez au fait de son bien pour avoir mes recours certains. Je supplie qu’on presse MM. d’Auneuil, de Villars, de Richelieu et Lézeau, et qu’on écrive pour ma pension. Je compte sur un Éléments. Attendons encore quelques jours pour M. Michel. Savez-vous ce qu’Arouet a donné à ma nièce ?

Je prie instamment monsieur votre frère d’envoyer, par le carrosse de Bar-sur-Aube, les feuilles des Observations (1737) ; l’Essai sur le Poëme épique, et les autres livres. Je le prie très-instamment de me mander qui lui a vendu l’Almanach du Diable et le Recueil de Ferrand. Je ne lui demande pas, encore une fois, qui l’a imprimé, mais qui le lui a vendu[2].


839. — À M. LE PRINCE DE GUISE.
Mars.

Monseigneur, je reçois en même temps une lettre de Votre Altesse, et une de M. l’abbé Moussinot, qui, depuis un an, et sous le nom de son frère, veut bien avoir la bonté de se mêler de mes affaires, lesquelles étaient dans le plus cruel dérange-

  1. Édition Courtat.
  2. Au dos, de l’écriture de l’abbé Moussinot : « Le sieur Parfait, auteur des deux volumes de l’Histoire du théâtre français, demeurant chez le sieur Flahaut, libraire, rue Saint-Jacques. » (C.)