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Je vous demande en grâce, mon cher ami, de me mander sur-le-champ ce que vous savez de ce livre, s’il fait du bruit, s’il y a quelque chose à craindre des calomnies du monde que vous habitez. Je vous prie de ne pas perdre un instant, et de me tirer de l’inquiétude où cette nouvelle m’a mis. Écrivez-moi souvent, je vous en prie : vos lettres ajoutent toujours à mon bonheur. Adieu. Ne vous verra-t-on jamais ?


834. — À M. PRAULT,
libraire à paris.
À Cirey, le 24 février.

J’ai reçu votre lettre du 20. Je ne me plains donc plus du correspondant. Je vous prie, mon cher paresseux, qui ne le serez plus, de prier, par un petit mot de lettre, M. Berger de passer chez vous pour affaire ; on a de ses nouvelles à l’hôtel de Soissons. Cette affaire sera que vous lui compterez dix pistoles ; vous lui demanderez de vous-même un billet par lequel il reconnaîtra avoir reçu cent livres de mes deniers par vos mains. Je remets à votre prudence et à votre esprit le soin de lui faire sentir doucement que, quoique les plaisirs que je lui fais soient peu considérables, cependant vous ne laissez pas d’être surpris de la manière peu mesurée dont il parle de moi en votre présence, et qu’un cœur comme le mien méritait des amis plus attachés. Je vous prie de m’envoyer incessamment une demi-douzaine d’exemplaires de la nouvelle édition d’Œdipe. Vous n’aurez Mérope que dans un mois ; je ne crois pas que les approbateurs puissent vous inquiéter, quoiqu’elle soit sous mon nom. Je vous prie de bien déclarer qu’il est très-faux que Maximien soit de moi. Je n’aime point à me charger des ouvrages des autres.


835. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Remusberg, 27 février.

Monsieur, vos ouvrages n’ont aucun prix[1] ; c’est une vérité dont je suis convaincu il y a longtemps. Cela n’empêche pas cependant que je ne doive vous témoigner ma reconnaissance et ma gratitude. Les bagatelles que je vous envoie ne sont que des marques de souvenir, des signes auxquels vous devez vous rappeler le plaisir que m’ont fait vos ouvrages.

  1. Dans les éditions des Œuvres posthumes du roi de Prusse, Berlin et Londres, on lit : « Monsieur, vos ouvrages sont sans prix ; c’est une vérité, etc. »