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que vous m’envoyez. Il faudrait qu’il fût monté sur de petites roulettes de cuivre pratiquées dans les pieds. Autant en faut au nécessaire que je vous supplie de presser. Je vous embrasse.


766. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 8 (juillet 1737).

Chaque jour de poste, mon cher abbé, sera donc de ma part une nouvelle importunité. Vous savez toutes les commissions dont je vous ai accablé. Je crois parmi ces commissions n’avoir pas oublié l’histoire latine de l’Académie, par Duhamel, ni le volume sur le feu par M. de Réaumur[2]. J’ai surtout abusé de votre patience, en vous priant d’avoir une nouvelle conversation scientifique avec ce célèbre chimiste, M. Grosse. Vous n’êtes pas encore quitte de mes prières. Il faut avoir la bonté de demander à ce savant charbonnier-là s’il a jamais fait l’expérience de planter son thermomètre dans de l’esprit-de-vin, dans de l’esprit de nitre, d’urine, etc., pour voir si le thermomètre hausse dans ces liqueurs. Je vous avais demandé des thermomètres et des baromètres : j’insiste encore fortement là-dessus. On en transporte au bout du monde. Vous pourriez consulter sur cela M. drosse ou M. Nollet, qui demeure quai des Théatins, chez M. le marquis de Locmaria. Ce M. Nollet en vend de très-bons. Il enseignera et donnera par écrit la manière de les faire parvenir en province en sûreté. On pourrait, je crois, très-bien envoyer, dans une caisse, le mercure, les verres, l’esprit-de-vin coloré, etc., chacun à part, et on remplirait le thermomètre selon la façon dont M. Nollet lui-même s’y prend.

Ce qui est bien sûr, c’est qu’il me faut deux bons baromètres, et deux bons thermomètres. Si je peux surtout en avoir selon la méthode de Fahrenheit, je vous serai très-obligé, dût-on me les apporter à pied. Il n’y aurait qu’à m’envoyer ce Savoyard en qui vous avez confiance, et qui est un honnête garçon. Il apporterait avec cela des serins, supposé qu’ils soient privés. Si M Dubreuil voulait en céder pour de l’argent, et une petite perruche à collier noir, vous feriez prix avec lui pour son voyage : vous seriez un homme charmant.

Au reste, mon cher abbbé, n’épargnez jamais l’argent quand

  1. Édition Courtat.
  2. Dans la lettre précédente, Voltaire parle du Traité du fer. ( C.)