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6° Je vous prie de me mander si on fait mon portrait en bague.

7° Aurai-je papier, plumes, manteau de lit ? Je me flatte que ce manteau sera acheté par Mme Dubreuil.

8° Je vous demande pardon de tant de détails, et je vous aime de tout mon cœur.

9° Il faut encore ajouter qu’il viendra chez M. Dubreuil une lettre à l’adresse de M. Delafosse : il faudra me l’envoyer. ; Mille compliments à toute la famille.

Encore un petit mot : M. Dubreuil, quand il m’écrit, écrit toujours par Bar-sur-Aube. C’est par Vassy qu’il faut écrire. Bar-sur-Aube est le chemin du coche, et Vassy, de la poste.


676,. À DE FREDERIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Remusberg, 7 novembre 1736.

Monsieur, je suis infiniment sensible à l´honneur que vous me faites de placer mon nom à la tête du bel ouvrage que vous venez de m’envoyer[1]. La matière qu´il renferme et la façon dont vous la tournez m’est si avantageuse que je suis obligé d’avouer que l’on ne peut mieux confier le soin de sa renommée qu’entre vos mains. Les devoirs d’un roi sage et éclaire, le code du pape et des sept cardinaux, et l’histoire de la pédante érudition du roi Jacques d’Angleterre, sont certes des traits de maître. Sans que je m’étende à faire l’anatomie du reste de cet ouvrage, qui est une des pièces les plus achevées que j’aie vues de ma vie, je vous en fais mes remerciements sincères, me trouvant heureux de l’avoir occasionné.

Je souhaiterais, monsieur, de pouvoir vous témoigner ma reconnaissance par une épître en vers qui fût digne de vous être adressée. Mais, comme les étoiles se cachent en la présence du soleil, dont la brillante lumière efface et ternit leur faible lueur, ainsi que je sais imposer silence à ma verve novice et désavouée des muses, quand il s’agit de vous écrire. Je sais que vos ouvrages n’ont aucun prix ; ils portent en eux leur récompense, qui est l’immortalité. J’espère cependant que vous voudrez accepter, comme une marque de mon souvenir, le buste de Socrate[2], que je vous envoie en faveur de ce qu’il fut le plus grand homme de la Grèce, et le maître qui forma Alcibiade. Faisant abstraction de ce dont la calomnie le noircit[3], je pourrais le mettre en parallèle avec vous ; mais, craignant de blesser votre modestie si je vous disais sur ce sujet le tiers de ce que je pense, je me contenlerai de le dire à toute la terre, qui me servira d’organe pour faire

  1. C’est l´épître déjà mentionnée dans la lettre 638.
  2. Ce buste formait une paume de canne en or. (K.)
  3. La calomnie, ou la médisance, a noirci aussi Frédéric sous le même rapport que Socrate. (Cl.)