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644. — AU MARQUIS D’ARGENS[1].
À Cirey en Champagne, ce 18… 1736.

Auriez-vous vu, monsieur, un libelle diffamatoire que Rousseau a fait imprimer dans la Bibliothèque française ? L’ouvrage est digne de lui : il est mauvais et plein de calomnies ; vous y êtes indignement traité. Ce monstre décrépit, qui n’a ni dents ni griffes, cherche encore par une vieille habitude à mordre et à déchirer. Voici une petite crépinade ou roussade que je vous envoie : c’est un coup de fouet pour faire rentrer dans son trou ce vieux serpent. Si vous voulez, je vous enverrai la réponse à son libelle. Vous serez peut-être bien aise de savoir que M. le duc d’Aremberg lui a fait une réprimande publique, et l’a traité comme un laquais pour l’avoir osé citer dans son libelle. M. d’Aremberg m’a écrit pour désavouer l’insolence de son domestique.

S’il y a quelque chose de nouveau, je vous supplie de vouloir bien me le mander. Si je pouvais être assez heureux pour vous être bon à quelque chose, je vous supplierais bien plus instamment encore de m’écrire.

Je suis avec bien de l’estime et de l’attachement, monsieur, votre, etc. V.


645. — À M. BERGER.
Cirey.

Je peux vous assurer, mon cher ami, avec vérité, que je n’ai jamais vu ni le paquet contresigné ni le paquet en question. Je n’ai pas assurément le temps de faire huit cents vers, et, s’ils sont bons, je ne veux pas en dérober la gloire à l’auteur. On m’a assuré que cela était de La Chaussée. Je le croirais assez. Il est piqué contre l’abbé Desfontaines, qui l’a voulu tourner en ridicule dans ses Observations, et qui appelle ses comédies des théâtres larmoyants. Il regarde Marivaux comme son rival. Il fait très-bien des vers : voilà ce qui s’appelle des raisons. En un mot, je vous jure que je n’ai jamais songé à l’ouvrage dont vous me parlez. À peine ai-je le temps d’écrire une lettre. Je vous demande en grâce de m’envoyer cette Réponse à Rousseau.

J’ai écrit à Prault pour le presser de m’envoyer par le coche deux exemplaires de ce qui est imprimé de la Henriade, avec

  1. Éditeurs, Bavoux et François.