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dans les globes célestes, qui toutes confirment cette admirable loi des forces centripètes.

Ainsi il ne s’agit pas ici de l’impulsion des corps, et de la communication du mouvement, quoique l’impulsion des corps et la communication du mouvement soient encore une propriété de la matière, qui n’a rien de commun avec la divisibilité.

Il s’agit de ce pouvoir réel de gravitation, d’attraction, de forces centripètes, qui dirigent les planètes autour du soleil, et la lune autour de la terre, selon des lois mathématiques qui excluent nécessairement tout ce prétendu fluide, et cette chimère de tourbillons qu’on avait supposés si gratuitement.

Ce pouvoir démontré est précisément tout le contraire de ce que vous dites. Un corps, dites-vous, pèse, c’est-à-dire il pousse et ne pousse qu’autant qu’il est poussé. Non, mon père, le Soleil n’est point poussé, et Saturne n’est point poussé.

Mais le Soleil et Saturne s’attirent, gravitent, pèsent l’un sur l’autre, selon la quantité directe de leur masse, et selon la raison inverse du carré de leur éloignement ; et il n’y a point entre eux ni autour d’eux de fluide qui puisse ni leur faire une résistance sensible, ni diriger leur mouvement. Il y a donc certainement un principe de gravitation, d’attraction, que nous ne connaissons pas, qui agit d’une manière surprenante, et qui n’a aucun rapport aux autres propriétés de la matière. Ce principe, vous avais-je dit, est interne, inhérent dans les corps ; et là-dessus vous me répondez que jamais Newton n’a admis ce principe inhérent et interne dans les corps, et que s’il l’avait admis on se serait moqué de lui. Si vous entendez par principes ou propriétés inhérentes une propriété essentielle, il est très-vrai que Newton ne dit pas que le principe des forces centripètes soit essentiel à la matière ainsi que l’étendue. Peu importe qu’il se soit servi des termes inhérent et interne dont je me sers. Tout ce qu’on entend par ce mot inhérent, c’est que toute matière a reçu de Dieu ce principe qui est en elle : que toute particule de matière a la propriété, tant qu’elle est matière, de graviter l’une vers l’autre, comme l’or a la propriété inhérente de peser plus que l’argent, comme l’eau a la propriété inhérente d’être fluide à un certain degré de température. Je ne vois pas comment, en disant cela. Newton se serait exposé à la dérision des philosophes, comme vous le dites.

Vous m’apprenez ensuite que M. Newton a poussé plus loin qu’aucun philosophe l’observation des mouvements qui approchent les corps, ou qui les éloignent les uns des autres. Il sem-