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public que je n’ai nulle part à cette misérable édition, où mon ouvrage est si défiguré ; et n’avais-je pas quelque droit de compter qu’il parlerait au moins de moi avec honnêteté ? Cependant, pour toute réponse, il fait imprimer ma lettre sans m’en avertir, et joint à cette grossièreté, à cette faute contre la société, les plus mauvaises critiques et les plus lâches calomnies.

Ce qu’il y a de plus cruel, monsieur, c’est que je sais qu’on a dit à M. Rouillé, qui est seul chargé de la librairie, que la Mort de César est l’ouvrage d’un mauvais citoyen, et que c’est moi qui l’ai fait imprimer furtivement pour braver les règles que monsieur le garde des sceaux a établies.

J’ose dire, monsieur, que votre probité doit vous engager à réfuter de telles calomnies. Vous êtes à portée de les faire réfuter dans les journaux et dans toutes les Nouvelles publiques. Je vous le demande en grâce. Vous devriez bien aussi vous donner la peine de voir M. Rouillé, ou de lui écrire, pour le prier de faire des recherches contre l’éditeur. M. Hérault ne se mêle plus de la librairie.

Je vous supplie instamment, monsieur, de vouloir bien vous donner un peu de mouvement dans une affaire qui est devenue la vôtre ; je vous en aurai une obligation infinie. Donnez, monsieur, je vous en conjure, cette marque d’amitié à l’homme du monde qui est le plus rempli d’estime et d’attachement pour vous.


517. — Á M. THIERIOT.
À Cirey, le 13 octobre.

Vous êtes de ceux dont parle Mme Deshoulières,

« Gens dont le cœur s’exprime avec esprit[1]. »

Votre lettre, mon tendre ami,
Porte ce double caractère ;
Aussi ce n’est point à demi
Que votre missive a su plaire
À la nymphe sage et légère
Dont le bon goût s’est affermi,
Si loin des routes du vulgaire.
Elle sait penser et sentir,
Et philosopher et jouir ;

  1. Dans son rondeau contre l′amour, Mme Deshoulières a dit :
    Gens dont le Cœur s’explique avec esprit.