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est d’un nommé Formont, de Rouen, homme de beaucoup d’esprit, et qui fait de temps en temps de bons vers.

J’espère avoir l’honneur de vous envoyer bientôt, monsieur, une tragédie de la Mort de César. Elle est d’une espèce nouvelle : il n’y a point de femmes, et il y a des espèces de chœurs. Elle n’est pas faite pour le parterre de Paris ; mais il y a, dans cette tragédie, quelques sentiments dignes de l’antiquité, et quelques vers comme on en faisait il y a soixante ans : elle est digne de vous.

Je vous suis toujours attaché bien respectueusement. Je ne sais aucune nouvelle dans ma retraite. On parlait d’armistice, je ne sais pourquoi, car c’était une vieille nouvelle ; l’armistice était établi sur le Rhin, depuis cinq mois, entre les pacifiques armées.

Voltaire.

500. — Á M. L’ACBE ASSELIN[1].
À Vassy en Champagne, ce 24 août 1735.

Je voudrais bien, monsieur, que la Mort de Jules César eût été digne de l’honneur que vous lui avez fait et de la manière dont elle a été représentée[2]. Je vous prie de vouloir bien faire mes compliments aux deux acteurs dont on a été si content. Le talent de bien réciter ne saurait être parfait sans supposer de l’esprit et des qualités aimables qui doivent réussir dans le monde. Des jeunes gens qui ont un pareil talent méritent qu’on s’intéresse à eux. Au reste, j’ai beaucoup retouché cet ouvrage, depuis que l’honneur qu’il a reçu de vous me l’a rendu plus cher ; mais il ne sera jamais autant embelli par mon travail qu’il l’a été par vos soins dans la représentation qui s’en est faite.

Je suis bien sincèrement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire

Je vous remercie, monsieur, de la bonté et de la politesse avec laquelle vous avez fait placer les personnes qui demeuraient à Paris avec moi.

  1. Editeurs, Bavoux et François.
  2. Par les élèves du collège.