votre oratoire. Il y a bien longtemps que je n’ai entendu ses chansons.
Philosophe autant qu’on peut l’être,
En poursuivant la liberté,
Je regrette l’amour, mon maître,
Dure et douce captivité.
Ail ! madame, rendez-moi mon maître !
Monsieur, Adélaïde et moi nous sortons de l’agonie. Voilà pourquoi je n’ai pu encore vous remercier du beau présent dont vous m’avez honoré[2]. Je voulais l’avoir lu avant de vous remercier ; mais pardonnez à un mourant, qui touchait à son dernier crépuscule, de n’avoir point vu votre aurore.
Pardon si je fais des pointes ; je viens de lire deux pages de la Vie de Marianne[3].
Je vais me mettre demain à vous étudier et à vous admirer. Je vous devrai mon instruction et mon plaisir. Vos livres sont comme vous, monsieur, sages, instructifs et agréables. Heureux qui peut ou vous lire ou vous entendre ! Vous n’avez point de plus zélé admirateur ni de plus tendre et respectueux serviteur que V.
Vous m’accablez toujours de présents, mon cher monsieur ; vos galanteries m’enchantent et me font rougir, car quid retribuam domino, pro omnibus quæ retribuit mihi (Ps. cxv, v, 12) ? Hélas ! je ne dirai point : calicem accipiam (ibid., v. 13) ; misérable que je suis ! il me faut vivre d’un régime bien indigne de vos dindons et de vos perdrix. Je ne fais point imprimer Adélaïde sitôt, et j’attends la reprise pour la donner au public ; mais je suis charmé de pouvoir vous donner sur le public une petite pré-
- ↑ J.-J. Dortous de Mairan, né en 1678, mort en 1771, le 20 février, fut reçu à l’Académie des sciences en 1718, et à l’Académie française en 1743. (Cl.)
- ↑ Le Traité physique et historique de l’aurore boréale, 1733, in-4o. (B.)
- ↑ La seconde partie de ce roman, que Marivaux n’a jamais achevé, venait de paraître in-12. (Cl.)