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Permettez-moi, monsieur, que je mette dans votre paquet un autre paquet pour M. le marquis de Gaumont : c’est un homme qui, comme vous, aime les lettres, et que le bon goût a fait sans doute votre ami.

Quel temps, monsieur, pour vous envoyer des vers !

Hinc movet Euphrates, illinc Germania bellum :
· · · · · · · · · · · · · · · sævit toto Mars impius orbe.

(Virg., Georg., I, v. 509.)

· · · · · · · · · · · · · · · Et carmina tantum
Nostra valent, Lycida, tela inter Martia, quantum
Chaonias dicunt, aquila veniente, columbas.

(Egl., ix, v. 11.)

On a pris le fort de Kelh ; on se bat en Pologne ; on va se battre en Italie.

I nunc, et versus tecum meditare canoros.

(Hor., liv. II, ep. ii, v. 76.)

Voilà bien du latin que je vous cite ; mais c’est avec des dévots comme vous que j’aime à réciter mon bréviaire.


381. — Á M. L’ABBÉ DE SADE.
À Paris, le 25 novembre.

J’interromps mon agonie pour vous dire que vous êtes une créature charmante. Vous m’avez écrit une lettre qui me rendrait la santé, si quelque chose pouvait me guérir.

On dit que vous allez être prêtre et grand-vicaire ; voilà bien des sacrements à la fois dans une famille. C’est donc pour cela que vous me dites que vous allez renoncer à l’amour.

Ainsi donc vous vous figurez,
Alors que vous posséderez
Le juste nom de grand-vicaire,
Qu’aussitôt vous renoncerez
À l’amour, au talent de plaire.
Ah ! tout prêtre que vous serez,
Mon cher ami, vous aimerez ;
Fussiez-vous évêque ou saint-père,
Vous aimerez, et vous plairez ;
Voilà votre vrai ministère ;
Et toujours vous réussirez
Et dans l’Église et dans Cythère.