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Je renvoie à Jore la dernière épreuve, avec une petite addition. Je vous supplie de lui dire d’envoyer sur-le-champ au messager, à l’adresse de Demoulin, deux exemplaires complets, afin que je puisse faire l’errata, et marquer les endroits qui exigeront des cartons. Je prévois qu’il yen aura beaucoup. Je me souviens entre autres, de cet endroit, à l’article Bacon : Ses ennemis étaient à Londres ses admirateurs[1]. Il y a, ou il doit y avoir, dans le manuscrit : Ses ennemis étaient à la cour de Londres ; ses admirateurs étaient dans toute l’Europe. De pareilles fautes, quand elles vont à deux lignes, demandent absolument des cartons.

De plus, en voyant le péril approcher, je commence un peu à trembler ; je commence à croire trop hardi ce qu’on ne trouvera à Londres que simple et ordinaire. J’ai quelques scrupules sur deux ou trois Lettres que je veux communiquer à ceux qui savent mieux que moi à quel point il faut respecter ici les impertinences scolastiques ; et ce ne sera qu’après leur examen et leur décision que je hasarderai de faire paraître le livre. J’ai écrit déjà à Thieriot, à Londres, d’en suspendre la publication jusqu’à nouvel ordre. Il m’a envoyé la Préface, qu’il compte mettre au-devant de l’ouvrage ; il y aura beaucoup de choses à réformer dans la préface comme dans mon livre : ainsi nous avons, pour le moins, un bon mois devant nous.

Jore, pendant ce temps, peut fort bien imprimer le Charles XII. Je vais écrire à notre ami Formont, et le remercier de sa remarque. Je l’avais déjà faite, et je n’ai pas manqué d’envoyer, il y a plus d’un mois, la correction à l’éditeur de Hollande.

Hier, étant à la campagne, n’ayant ni tragédie ni opéra dans la tête, pendant que la bonne compagnie jouait aux cartes, je commençai une Èpître en vers sur la Calomnie, dédiée à une femme très-aimable et très-calomniée[2]. Je veux vous envoyer cela bientôt, en retour de votre Allégorie.

Adieu, mon cher ami, il est une heure ; je n’ai pas le temps d’écrire à notre cher Formont, cet ordinaire. Vous devriez bien relire avec lui tout l’ouvrage. Adieu,

· · · · · · · · · · animæ dimidium meæ.

(Hor., liv. I, od. iii, v. 8.)
  1. Je n’ai vu aucun exemplaire avec la faute que signale ici Voltaire. (B.) — Voyez tome XXII, page 117.
  2. Mme  du Chàtelet. M. Clogenson pense que la lettre du 3 juillet 1733 est la première ayant une date certaine où il soit question de cette dame. (B.) — Voyez son Éloge, par Voltaire, tome XXIII, page 515