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git plus que de la transcrire pour vous renvoyer. Voici bien de la besogne.

Nous avons encore l’Histoire de Charles XII, que Jore veut réimprimer. J’ai écrit en Hollande qu’on m’envoyât un exemplaire par la poste ; mais je ne l’ai pas encore reçu. Si Jore avait quelques correspondants plus exacts, il pourrait en faire venir un en droiture ; sinon je lui ferai tenir les corrections et additions, avec les réponses à La Motraye.

J’ai bien envie de venir faire un petit tour à Rouen, et de raisonner de tout cela avec vous. Voici le temps

Où les zéphyrs de leurs chaudes haleines
Ont fondu l’écorce des eaux.

( J.-B. Rousseau, liv, III, od. vii,)

Quel plaisir de vous lire Adélaïde, et même Ériphyle, revue et corrigée ! J’entends quel plaisir pour moi, car, de votre côté, ce sera complaisance.

Je n’ai encore montré qu’un acte à Formont. Il m’a parlé de votre idée anacréontique[1]. Vous savez que l’exécution seule décide du mérite du sujet. On peut bien conseiller sur la manière de traiter une pièce, mais non pas sur le fond de la chose. C’est à l’auteur à se sentir.

· · · · · · · · · · Cui lecta potenter erit res,
Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo.

(Hor, Art. poet., v. 40.)

Vale ; je vous aime de tout mon cœur.


323. — Á M. DE MONCRIF.

Mon cher ami, le père de Rhadamiste m’a rogné un peu les ongles ; mais il m’en reste encore assez. Voici un petit billet que je vous prie de lui faire tenir, pour le remercier. Pour vous, je ne vous remercie plus. Je compte vous voir demain à la répétition. Il sera bon que nous ayons des amis dans le parterre pour faire taire les malins, et pour éclairer les sots qui ne verraient que l’air de ressemblance d’Issé, et qui fermeraient les yeux sur la manière différente et nécessaire dont cela est amené. Si nous passons heureusement cet écueil, je compte sur un très-grand succès.

  1. Anacréon, petite pièce lyrique de Cideville. (Cl.)