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beautés nouvelles. Je viens de montrer cinquante vers nouveaux à Formont ; je lui ai dit d’être sévère, et il est content. Je vais travailler encore, rimer, raturer, corriger, mettre au net. Modérez l’impatience de Jore, et qu’il me laisse le temps d’avoir du génie. V.


317. — Á M. DE CIDEVILLE.
25 mars.

Autre nouvelle : le Temple du Goût devient d’une petite chapelle une cathédrale. Ce ne sont plus des corrections que je comptais envoyer pour en faire des cartons, c’est un Temple tout nouveau. Ainsi il faudrait que Jore bâtît tout à neuf. Qu’il fasse donc ce qu’il lui plaira ; mais, surtout, qu’il ne montre jamais de mes lettres à personne. Que je suis fâché de n’avoir pas deux têtes et deux mains droites, et de ne vous point écrire tout ce que je fais, à mesure que je travaille ! Je suis toujours en mal d’enfant, et je voudrais vous avoir pour accoucheur. J’ai montré à Formont le nouveau Temple : il en est beaucoup plus content que du premier. Et in triduo illud reædificabo[1]. Adieu, mon tendre ami. V.


318. — Á M. DE CIDEVILLE.
2 avril.

Je n’ai que le temps de vous dire que vous avez raison ; que in triduo illud reædificavi ; que je me flatte que vous serez content ; que je ferai tout ce que Jore désire, et tout ce dont je serai le maître ; et qu’il brûle son édition. Vous aurez incessamment un gros volume, au lieu d’une épitre laconique.

Je vous aime autant que je vous écris peu. V.


319. — Á M. DE MONCRIF.
10 avril.

Il m’est absolument impossible de sortir. Ma santé est dans un état qui ferait pitié, même à Marivaux le métaphysique, ou à Rousseau le cynique. Oserais-je vous supplier de demander à Son Altesse sérénissime monseigneur le comte de Clermont s’il permettra que son nom se trouve dans le Temple du Goût, en cas que l’on donne, de mon aveu, une édition de cette bagatelle ? Je n’ose prendre la liberté d’écrire à Son Altesse sérénissime sur une pièce qui a trouvé tant de contradicteurs ; mais, si vous voulez

  1. Saint Matthieu, chap. xxvi, v. 61 ; et chap. xxvii, v. 40.