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en cette mauvaise monnaie. Je vous souhaite, pour les compliments du nouvel an,

Que toujours de ses douces lois
Le dieu des vers vous endoctrine ;
Qu’à vos chants il joigne sa voix,
Tandis que de sa main divine
Il accordera, sous vos doigts,
La lyre agréable et badine
Dont vous vous servez quelquefois.
Que l’Amour, encor plus facile,
Préside à vos galants exploits,
Comme Phébus à votre style ;
Et que Plutus, ce dieu sournois,
Mais aux autres dieux très-utile,
Rende, par maints écus tournois,
Les jours que la Parque vous file
Des jours plus heureux mille fois
Que ceux d’Horace et de Virgile.


301. — Á MADEMOISELLE DE LAUNAI[1].
Paris, décembre 1732.

J’ai été extrêmement flatté, mademoiselle, de l’honneur de votre souvenir : j’en ai conclu tout de suite qu’il fallait bien que je valusse quelque chose pour mériter d’occuper même le plus petit recoin dans une mémoire aussi bien garnie que la vôtre.

Cette tête ne s’emplit pas
De chiffons ni de babioles,
Et, comme celle de nos folles,
N’est grenier à nicher des rats,
Mais logis meublé haut et bas,
Plus orné que palais d’idoles,
Où sont rangés sans embarras
L’astrolabe et les falbalas.
Et l’éventail et le compas,
Où sont bons et sûrs cadenas,
Sont trésors plus chers que pistoles ;
Ces précieux et longs amas
Des vérités de tous états,

  1. Cette charmante lettre, dont nous devons la connaissance à M. Paul Lacroix, est perdue dans un recueil fort ignoré, la Macédoine à Rumfort, journal de littérature et de bienfaisance, tome III, page 98 ; Paris, à l’Établissement d’utilité sociale et de bienfaisance, rue de la Sourdière, n° 45, thermidor an VIII, in-18. (H. B.)