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ANNÉE 1729.

[1]Je vous renvoie Quinte-Curce et les Diètes de Pologne. Je demande les deux autres tomes de la Géographie. Si vous pouviez me dénicher quelque bon mémoire touchant la topographie de l’Ukraine et de la Petite-Tartarie, ce serait une bonne affaire. Je vous ai manqué ces jours-ci. Farewell, tell M. Nocei thank him heartily for his opéra ; and whip the lady Liset for lier foolish sauciness : in case she has a pretty arse, forgive her[2].


193. — À M. THIERIOT.

Avril.

Mon cher Thieriot, vous me faites songer à mes intérêts, que j’ai trop négligés. J’avoue que j’ai eu tort de tout abandonner comme j’ai fait. Je me souviens que Marc-Tulle Cicéron, dans ses bavarderies éloquentes, dit quelque part : Turpe est rem suam deserere. Muni donc du sentiment d’un ancien, et rendu à la raison par vos remontrances, je vous envoie la patente de la pension que me fait la reine ; il est juste qu’elle m’en daigne faire payer quelques années, puisque monsieur son mari m’a ôté mes rentes, contre le droit des gens. La difficulté n’est plus que de faire présenter à la reine un placet ; je ne sais ni à qui il faut s’adresser, ni qui paye les pensions de cette nature. Je soupçonne seulement que M. Brossoré, secrétaire des commandements, a quelque voix en chapitre ; mais je lui suis inconnu. Je crois que M. Pallu est de ses amis, et pourrait lui parler.

Mais, mon cher Thieriot, les obligations que j’ai déjà à M. Pallu me rendent timide avec lui. Irai-je encore importuner, pour des grâces nouvelles, un homme qui ne devrait recevoir de moi que des remerciements ? La vivacité avec laquelle il s’intéresse à ma malheureuse affaire[3] ne sortira jamais de mon cœur. Cependant j’ai été trois ans sans lui écrire, comme à tout le reste du monde. On n’a pu arracher de moi que des lettres pour des affaires indispensables. Je me suis condamné moi-même à me priver de la plus douce consolation que je puisse recevoir, c’est-à-dire du commerce de ceux qui avaient quelque amitié pour moi.

  1. Ceci forme, dans Bavoux et François, un nouveau billet daté du 8 mai, sans les lignes en anglais et avec ceci en plus : « Je suis obligé d’aller ce soir, à cinq heures, chez Mme la duchesse du Maine. Voyez si vous pouvez me donner un rendez-vous au sortir de chez elle. »
  2. Traduction : Adieu, dites à M. Nocei que je lui fais beaucoup de remerciements de son opéra, et fouettez Mlle Lisette pour sa petite impertinence ; mais si le c.l est joli, pardonnez-lui.
  3. Avec le chevalier de Rohan-Chabot.