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ANNÉE 1724.

108. — À M. DE MAIRAN[1].

… ce mercredi[2].

Vous aviez très-bien deviné, monsieur ; M. le duc de Richelieu voulait un dessinateur plutôt qu’un géomètre ; la place est au-dessous du mérite de M. de Montcarville. Il n’y a que moi qui ai gagné à tout cela, puisque cela m’a valu l’honneur de vous connaître. Le premier usage que je ferai de ma santé sera assurément d’aller vous assurer chez vous de toute l’estime et de toute l’amitié que vous méritez. Vous vous apercevrez par l’assiduité que je porterai à cultiver votre commerce combien j’aime la vérité, la raison et l’esprit.

Comptez, je vous en supplie, sur les sentiments avec lesquels je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.



109. — À M. DE MAIRAN[3].

J’avais, monsieur, une extrême envie de vous connaître, et elle a bien augmenté depuis que j’ai eu l’honneur de vous voir : je n’ai jamais vu personne dont l’esprit et la raison soient si aimables. Les maux continuels que je souffre me sont d’autant plus sensibles qu’ils m’empêchent d’aller chez vous, et de cultiver par mes assiduités un commerce si utile et si agréable. Je n’ose assurément pas exiger que vous veniez perdre votre temps chez moi ; mais je suis bien à plaindre de ne pouvoir mettre à profit le mien chez vous.

Je viens de rendre compte à. M. le duc de Richelieu du soin que vous avez bien voulu prendre de lui chercher un gouverneur pour ses pages. J’ai vu le jeune homme que vous m’avez envoyé : il m’a paru avoir de l’esprit ; je lui ai trouvé une figure assez belle, et en tout sens il me paraît qu’il convient fort à des pages. M. de Richelieu vous a bien de l’obligation ; mais il m’en aurait davantage si je pouvais lui procurer la connaissance d’un homme comme vous. Si M. Benet est toujours dans le même sentiment, ayez la bonté, monsieur, de lui faire dire qu’il vienne incessamment chez moi, afin que je lui fasse prendre possession. J’ai stipulé qu’il aurait la table des gentilshommes, qu’on l’habillerait

  1. Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.