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ANNÉE 1723.

et d’aller se retirer à Doux, terre de M. de Trenel, à quatorze lieues de Paris. M. Le Blanc ne partit pour son exil qu’à deux heures après minuit. Paris est toujours inondé des chansons dont je vous ai parlé, et que je n’ai pu vous envoyer ; je vous les apporterai à mon retour. Présentez mes respects, je vous prie, à Mme  de Lézeau[1] ; je me flatte de la retrouver à votre campagne quand je serai assez heureux pour y venir chercher la tranquillité, qu’assurément je n’ai pas dans ce pays-ci. La plume me tombe des mains ; je suis si malade que je ne peux pas écrire davantage.



92. — À M. THIERIOT[2].

J’arrive de Villars avec un grand mal de gorge. J’y ai reçu une lettre de vous, par laquelle vous me paraissez plus innocent et plus mon ami que jamais : cela augmente l’envie que j’ai de vous revoir et de retourner dans la belle solitude où vous êtes : je n’attends que le jour de mon départ. Je n’écris point à Mme  de Bernières, parce que je veux auparavant avoir entièrement achevé l’affaire dont elle m’a chargé auprès de Francine[3]. Je n’oublie assurément pas les vôtres, et vous me verrez arriver bien honteux et bien mortifié si je ne vous apporte quelque bonne nouvelle.

Adieu. Écrivez-moi toujours un petit mot, et présentez mes respects à Mme  de Lézeau et au maître de la maison. Demandez à Mme  de Bernières si elle n’a point quelque ordre à me donner avant mon départ.



93. — À M. THIERIOT[4].

Paris…

Je viens d’écrire une grande lettre à Mme  de Bernières, et vous n’en aurez qu’une petite parce que le souper vient de sonner. Les nouvelles sont dans la lettre de Mme  de Bernières, ainsi je n’ai rien à vous mander, sinon que je vous aime de tout mon cœur ; quand je vous écrirais quatre pages, toute ma lettre ne voudrait dire autre chose. Adieu, monsieur l’éditeur ; ayez bien soin de

  1. Mère du marquis de Lézeau, cité souvent dans la Correspondance.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.
  3. Directeur de l’Opéra.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.