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78 REMARQUES SUB ANDROMÈDE,

Vers CI. Hélas 1 qu'il étoit grand quand je l'ai cru s'éteindre,

Votre amour, et qu'à tort ma flamme osoit s'en plaindre !

De longs discours, et si peu naturels, dans une situation si violente, si affreuse, si inattendue, sont pires que le page qui veut faire enfuir le soleil, et que Liriopc qui lui rend son change.

SCÈNE IV.

Vers ■">. Épargne ma douleur, juges-en par sa raine, Et va sans me forcera te dire autre chose.

Cela est encore plus mauvais que tout ce que nous avons vu. Les inepties du page et de Liriopc sont sans conséquence; mais un père qui sacrifie froidement sa fille, sans lui dire autre chose, joint l'atrocité au ridicule.

Vers 35. Apprenez que le sort n'agit que sous les dieux, Et souffrez comme moi le bonheur de ces lieux.

Ce Cépliée est ici plus insupportable que jamais ; il sacrifie sa fille de trop bon cœur.

Vers 59. J'y cours, mais autrement je jure ses beaux yeux, Et mes uniques rois, et mes uniques dieux....

Il s'agit bien ici de beaux yeux, et d'uniques rois, et d'uniques dieux. Voyez comme Achille parle dans Tphigënie.

Cette scène a encore beaucoup de conformité avec Ylphigènie de Racine. Andromède dit :

Seigneur, je vous l'avoue, il est bien douloureux

De tout perdre au moment que l'on croit être heureux!

Iphigénie s'exprime ainsi 1 :

J'ose vous dire ici qu'en l'état où je suis Peut-être assez d'honneurs environnoient ma vie Pour ne pas souhaiter qu'elle me fût ravie, M qu'en me l'arrachant un sévère destin Si près de ma naissance en eût marqué la fin.

Jamais un sentiment naturel et touchant ne fut plus éloigné de l'emphase tragique, ni exprimé avec une élégance plus noble et plus simple. Jamais on n'a mis plus de charmes dans la véri- table éloquence.

1. Acte IV, *cène iv.

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