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ACTE V, SCÈN.E VIII ET DERNIÈRE. t,:

ne sais si perfide généreux est un défaut ou non, mais je ne vou- drais pas employer cette expression.

Vers \8. Quelle autre sûreté pourrions-nous demander?

Je ne vois pas qu'on doive si aveuglément s'en rapporter au témoignage seul de Léontine, que sa conduite mystérieuse a pu rendre très-suspecte; et dans de si grands intérêts il faut des preuves claires.

Vers 20. Non, ne m'en croyez pas, croyez l'impératrice.

La naissance des deux princes n'est enfin éclaircie que par un billet de Gonstantine, dont il n'a point été question jusqu'à pré- sent. On est tout étonné que Constantine ait écrit ce billet. Il ne faut jamais jeter dans les derniers actes aucun incident principal qui ne soit bien préparé dans les premiers, et attendu même avec impatience.

Toutes ces raisons, qui me paraissent évidentes, font que le cinquième acte d'Hèraclius est beaucoup inférieur à celui de Rodo- gune. La pièce est d'un genre singulier qu'il ne faudrait imiter qu'avec les plus grandes précautions.

Vers 25. Apprenez d'elle enfin quel sang vous a produits.

La reconnaissance suit ici la catastrophe. On doit très-rare- ment violer la règle qui veut au contraire que la reconnaissance précède. Cette règle est dans la nature, car lorsque la péripétie est arrivée, quand le tyran est tué, personne ne s'intéresse au reste. Qu'importe qui des deux princes est Héraclius ? Si Joas n'était reconnu qu'après la mort d'Athalie, la pièce finirait très- froidement. Il me semble qu'il se présentait une situation, une péripétie bien théâtrale. Phocas, méconnaissant son fils Martian, voudrait le faire périr ; Héraclius, son ami, en le défendant, tue- rait Phocas, et croirait avoir commis un parricide ; Léontine lui dirait alors : Vous croyez vous être souillé du sang de votre père; vous avez puni l'assassin du vôtre 1 .

Vers 28. Après avoir donné son fils au lieu du mien, Léontine à mes yeux, par un second échange, Donne encore à Phocas mon fils au lieu du sien... Celui qu'on croit Léonce est le vrai Martian, Et le faux Martian est vrai fds de Maurice.

��1. «Le plan que propose ici Voltaire, dit Palissot, nous paraît d'une très-grande beauté : il prouve la profonde connaissance qu'il avait du théâtre. »

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