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SUPPLÉMENT Al \ ŒUVRES EN PROSE. GOl

lail toujours. On me força, dans Œdipe, à gâter ce sujet par je ne sais quel ressouvenir d'un ancien goût de Jocaste pour Philoctète 1 et je ne me suis jamais consolé d'avoir ainsi amolli dans quel- ques scènes le second sujet de l'antiquité.

11 est honteux pour notre nation d'avoir souffert, dansl' Electre de Crébillon :

Faisons tout pour l'amour, s'il ne fait rien pour moi.

Il ne faut pas disputer des goûts, c'est-à-dire il faut permettre d'être plus touché de la passion de Phèdre que de la situation de Joas, d'aimer mieux être ému par la terreur que par la pitié, de préférer un sujet romain à un grec.

Mais quand il s'agit de savoir si un sujet est bien travaillé, bien écrit, c'est alors qu'il ne peut y avoir qu'un goût qui soit bon.

Pièces anciennes, sans épisodes, sans amour : Athalie et Mè- rope dans ce goût. Athalie, longueurs; plus majestueuse que vive et animée; Nabal, inutile; Josabeth, inutile; mais le tout admirable.

Les grands princes ont toujours aimé les lettres. Vauvenar- gues dit qu'il ne reste à ceux qui les négligent que ce qui est in- digne d'être senti et d'être peint.

Dans notre nation on n'aime pas véritablement la littérature. Une pièce réussit pleinement. Cinq à six cents personnes la voient dans Paris, douze cents la lisent. Non sic à Londres.

Les ouvrages des Grecs sont comme la Grèce : pleine de dé- fauts, de superstitions, de faiblesses; mais le premier peuple de la terre.

Les comédiens : esclaves à Rome, magistrats à Athènes, excom- muniés chez nous.

Mémoires de Sully.

Sully navait qu'un esprit d'ordre, et point de génie; Henri IV, du génie et de l'ordre.

Dorures défendues, preuve qu'on les tirait d'ailleurs, ou preuve de sottise.

Espèces étrangères défendues, autre bévue.

Il s'oppose à l'établissement des vers à soie, des manufactures.

t. Jl y a OEdipe dans la copie. C'est uue faute évidente.

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