Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/564

Cette page n’a pas encore été corrigée

554 APPENDICE.

Les magistrats ordonnent le carnaval, et les religieuses se fou et lent pour en demander pardon à Dieu.

Les vendredis, il est défendu aux boucliers de vendre de la viande, et les rôtisseurs en peuvent vendre.

Les dimanches on ferme les boutiques de tableaux et on vend des estampes.

L'Opéra cesse la semaine sainte, et les danseurs de corde jouent.

Le dimanche, qui est le jour du Seigneur, il y a opéra et comédie ; il n'y en a point le jour de la Vierge.

Un prêtre est du premier ordre de l'État, on rappelle messire : il fait descendre Dieu sur l'autel. Le même prêtre vient dire la messe pour 20 sols, et on le fait manger avec les laquais.

Le vendredi païen, le samedi juif, le dimanche chrétien.

Quand on ne voyage qu'en passant, on prend les abus pour 1 es lois du pays.

Si les prêtres s'étaient contentés de dire : « Adorez un Dieu et soyez justes », il n'y aurait jamais eu d'incrédules ni de guerres de religion.

Nous sommes malheureux par ce qui nous manque, et point heureux par les choses que nous avons: dormir, etc., n'est point un bonheur ; ne point dormir est insupportable.

Il n'y a que les faibles qui fassent les crimes : le puissant et l'heureux n'en ont pas besoin.

Tous ceux qui ont écrit pour prouver la religion sont la mouche du coche : ils se battent sur la matière et sur l'esprit. C'est se battre de la chape à l'évêquc.

Toutes les religions, hors la nôtre, sont l'ouvrage des hommes: c'est pourquoi elles diffèrent. La morale est la même : elle vient de Dieu, et est une comme lui.

Si la lumière Aient des étoiles en vingt-cinq ans, Adam fut vingt-cinq ans sans en voir.

Ceux qui ont trop scrupuleusement recherché les principes d'un art se tirent quelquefois tellement du vulgaire qu'ils ne peuvent plus juger de l'effet qu'un ouvrage fera sur le commun des hommes : car, à force de méditations, on ne sent plus, et on ne peut plus, par conséquent, deviner les sentiments des autres.

�� �