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SUPPLÉMENT A.UX ŒUVRES EN PROSE.

La plupart des hommes sont comme la pierre d'aimant : ils ont un côté qui repousse et un autre qui attire.

Pour avoir quelque autorité sur les hommes, il faut être dis- tingué d'eux. Voilà pourquoi les magistrats et les prêtres ont des bonnets carrés.

Les deux plus grands protecteurs des belles-lettres ne savaient pas le latin : M. Colbert et Louis XIV.

Dans la passion, on reçoit un bon conseil d'un homme très- peu sage, comme un corps robuste attaqué de maladie peut être guéri par un médecin infirme.

Les pensées d'un auteur doivent entrer dans notre âme comme la lumière dans nos yeux, avec plaisir et sans effort; et les méta- phores doivent être comme un verre, qui couvre les objets, mais qui les laisse voir.

Le Tclêmoque est une espèce bâtarde: ni vers ni prose. Qu'est- ce qu'un style qu'il serait ridicule d'imiter ?

Un historien français ou anglais est, à l'égard de Tite-Live et de Tacite, ce qu'un homme qui conte les nouvelles de son quar- tier est à un ministre qui parlerait des affaires de l'Europe.

On n'est de bonne compagnie qu'à proportion qu'on a de la coquetterie dans l'esprit.

La plupart des partis qu'on prend ne sont guère que des res- sources.

L'Académie française est comme l'Université : l'une et l'autre étaient nécessaires dans un temps d'ignorance et de mauvais goût ; elles sont aujourd'hui ridicules.

On ne voit en France que des contradictions. Le chancelier est le premier officier de la Couronne, et ne mange pas avec le roi, le parlement lui écrit: Monseigneur, et au premier prince du sang : Monsieur. Un gentilhomme qui écrit à M. de Bouillon : Monsieur, écrit au secrétaire d'État: Monseigneur, et le secrétaire d'État : Monseigneur, à M. de Bouillon.

Un président est méprisé à la cour pour la même charge qui lait sa grandeur à la ville.

Les comédiens sont entretenus par le roi et excommuniés par le curé.

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