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POÉSIES ATTRIBUÉES A VOLTAIRE. 13S

L'étranger étonné, qui, prompt à s'irriter,

Fut jaloux de Louis, et ne put l'imiter.

Ainsi quand du Très-Haut la parole féconde

Des horreurs du chaos eut fait naître le monde,

Il en fixa la borne ; il plaça dans leurs rangs

Ces trésors de lumière et ces globes errants ;

De l'immense Saturne il ralentit la course,

Fit dans un cercle étroit rouler le char de l'Ourse,

De la lune à la terre assura les secours,

Distingua les climats, et mesura les jours.

II dit à l'Océan : « Que ton orgueil s'abaisse,

Que l'astre de la nuit te soulève et t'affaisse; »

Il dit aux flancs du Nord : « Enfantez les autans ; »

Aux eaux du ciel : « Tombez, fertilisez les champs;

Et que, tantôt liquide et tantôt endurcie,

L'onde revole au ciel en vapeurs obscurcie. »

Il dit, et tout fut fait : et, dès ces premiers temps,

Toujours indestructible en ses grands changements,

La nature entretient, à son maître fidèle,

D'éléments opposés la concorde éternelle.

Si l'on peut comparer aux chefs-d'œuvre divins

Les faibles monuments des efforts des humains,

Sous un roi bienfaisant parcourons cette ville,

Obéissante, heureuse, agissante, tranquille.

Quelle âme incessamment conduit ce vaste corps'/

Quelle invisible main préside à ces ressorts?

Quel sage à su plier à nos communs services

Nos besoins, nos plaisirs, nos vertus et nos vices?

Pourquoi ce peuple immense avec sécurité

Vit-il sans prévoyance et sans calamité ?

L'astre du jour à peine a fini sa carrière,

De cent mille fanaux l'éclatante lumière

Dans ce grand labyrinthe avec ordre me luit,

Et forme un jour de fêle au milieu de la nuit.

L'aurore ouvre les cieux, le besoin se réveille,

Il appelle à grands cris le travail qui sommeille ;

Yertumne, avec Pomone, apporte, au point du jour,

Les fruits prématurés hâtés par leur amour.

Ces rivages pompeux qui resserrent ces ondes

Sont couverts en tout temps des trésors des deux mondes.

Ici l'or qu'on filait s'étend sous le marteau;

La main de l'artisan lui donne un prix nouveau.

La vanité des grands, le luxe, la mollesse,

Nourrissent des petits l'infatigable adresse.

Je vois tous les talents, par l'espoir animés,

Noblement soutenus, sagement réprimés :

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