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Elles étaient regardées comme un acte d’idolâtrie. Mais c’est une grande inconséquence de vouloir flétrir des pièces très-morales, parce qu’il y en a eu autrefois de scandaleuses. Les fanatiques qui, par une jalousie secrète, ont prétendu flétrir les chefs-d’œuvre de Corneille, n’ont pas songé combien cet outrage révolte des hommes de génie ; ils font un tort irréparable à la religion chrétienne en aliénant d’elle des esprits très-éclairés qui ne peuvent souffrir qu’on avilisse le plus beau des arts.

Le public éclairé préférera toujours les Sophocle, les Euripide, les Térence, aux Baïus, Jansénius, Duverger de Hauranne, Quesnel, Petit-Pied, et à tous les gens de cette espèce.

Au reste, cette persécution fanatique ne s’est vue qu’en France. On a tempéré, en Espagne, en Italie, les anciennes rigueurs, qui étaient absurdes ; on ne les connaît point en Angleterre. Les vainqueurs de Bleinheim et les maîtres des mers, les contemporains de Newton, de Locke, d’Addison, et de Pope, ont rendu des honneurs aux beaux-arts. Le grand Corneille avait projeté un ouvrage pour répondre aux détracteurs du théâtre.