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310 REMARQUES SUR ARIANE.

Le premier vers est prosaïque et mal fait. Parle-moi de Thësèe tandis que le roi vient; ce vers do me paraît pas assez passionné. Ce tandis que le roi rient semble dire 'parle-moi de Thésée en atten- dant. Observez comme Hermione, dans Andromaque, dit la même chose avec plus de sentiment et d'élégance 1 .

. . . Qu'Oreste à son gré m'impute sos douleurs. N'avons-nous d'entretien que celui de ses pleur- ? Pyrrhus revient à nous. Eh bien! chère Cléone, Conçois-tu les transports de l'heureuse Hermione? Sais-tu quel est Pyrrhus? T'es-tu fait raconter Le nombre des exploits... ? mais qui les peut compter? Intrépide, et partout suivi de la victoire, etc.

Cela est bien supérieur aux cent monstres dont l'univers a été dégagé par Thésée, et qui se voit purgé d'un mauvais sang ; à ces vic- times prises par Thésée ci par Hercule, etc.

Vers 37. J'aime Phèdre; tu sais combien elle m'est chère.

Ce sentiment cl Ariane me paraît bien naturel, et en même temps du plus grand art. Le spectateur sent avec un extrême plaisir les raisons du silence de Phèdre.

Vers 47. N'ayant jamais aimé, son cœur ne conçoit pas. — Elle évite peut-être un cruel embarras.

Ce sentiment est encore très-touchant, quoique le mot d'em- barras soit trop faible.

Vers 50. Mais vivre indifférente, est-ce une vie heureuse?

Ce vers serait fort plat si Ariane parlait d'elle-même ; mais elle parle de sa sœur : elle la plaint de ne point aimer, tandis qu'en effet elle aime Thésée. On est déjà bien vivement intéressé.

SCÈNE 11.

Vers 1. Ne vous offensez point, princesse incomparable, etc.

OEnarus joue ici le rôle de l'Antiochus de Bérénice, mais il est bien moins raisonnable el bien moins touchant : il a le ridicule de parler d'amour à une princesse dont il sait que Thésée esl idolâtré, et qu'il croit que Thésée adore; et il ne l'a aimée que depuis qu'il a été témoin de leurs amours. Antiochus, au con-

I. Vie lit. scène nr.

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