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27G REMARQUES SUR BÉRÉNICE.

Dire tout ce qu'aux cœurs l'un de l'autre contents Inspirent des transports retenus si longtemps.

Ces vers ne sont que des vers d'éjjlogue. La sortie de Bérénice, qui ne s'en va que pour revenir dire tout ce que disent les cœurs contenu, est sans intérêt, sans art, sans dignité. Rien ne res- semble moins à une tragédie. 11 est vrai que l'idée qu'elle a do son bonheur fait déjà un contraste avec l'infortune qu'on sait bien qu'elle va essuyer ; mais la fin de cet acte n'en est pas moins faible.

��ACTE DEUXIEME.

��SCÈNE I. yers - J ;1 ' couru chez la reine, etc.

Je crois que le second acte commence plus mal que le premier ne finit. J'ai couru chez la reine, comme s'il fallait courir bien loin pour aller d'un appartement dans un autre. J'y suis couru, qui est un solécisme; cet il suffit. Et que fait ta reine Bérénice? et le trop aimable princesse : tout cela est trop petit, et d'une naïveté qu'il est trop aisé de tourner en ridicule. Les simples propos d'amour sont des objets de raillerie quand ils ne sont point rele- vés ou par la force de la passion, ou par l'élégance du discours : aussi ces vers prêtèrent-ils le flanc à la parodie de la farce nom- mée comédie italienne.

SCÈNE IL

Vers 7 J'entends de tous côtés

Publier vos vertus, seigneur, et ses beautés.

On ne publie point des beautés, cela n'est pas exact 1 .

Vers 13. Et je l'ai vue aussi, cette cour peu sincère,

A ses maîtres toujours trop soigneuse de plaire, etc.

Rarement Racine tombe-t-il longtemps; et quand il se relève, c'est toujours avec une élégance aussi noble que simple, toujours avec le mot propre, ou avec des figures justes et naturelles, sans lesquelles le mot propre ne serait que de l'exactitude. La réponse

1. Mais ici vertus fait passer beautés, comme le remarque un autre commen- tateur.

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