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ACTE II, SCÈNE I. -ï:>.\

situations les plus frappantes du théâtre. En un mot, il faut tou- jours bien écrire.

Vers 11. Il est un autre amour dont les vœux innocents S'élèvent au-dessus du commerce dv* sens.

Encore des dissertations métaphysiques sur l'amour : quel mauvais goût! C'était l'esprit du temps, dit-on ; mais il faut dire encore que la nation française est la seule qui ait eu cette malheu- reuse espèce d'esprit. Cela est bien pis que les concetti qu'on re- prochait aux Italiens.

��ACTE DEUXIÈME.

��SCEAE I.

Vers 1. Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille 1 , A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile? Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet ? Comment l'a-elle pris, et comment l' a-t-il fait? etc.

Racine a encore pris entièrement cette situation dans sa tra- gédie de Bajazet. Atalide a envoyé son amant à lîoxane ; elle s'in- forme en tremblant du succès de cette entrevue, qu'elle a ordon- née elle-même, et qui doit causer sa mort. La délicatesse de ses sentiments, les combats de son cœur, ses craintes, ses douleurs, sont exprimés en vers si naturels, si aisés, si tendres, que ces vraies beautés charment tous les lecteurs.

Mais ici, Corneille commence sa scène par quatre vers dont le ridicule est si extrême qu'on n'ose plus même les citer dans des ouvrages sérieux : Dis-moi donc, lorsqu'Olhon, etc.

Plautine exprime les mêmes sentiments qu'Atalide :

En regardant son change ainsi que mon ouvrage, etc.

Atalide est dans des circonstances absolument semblables; mais c'est précisément dans ces mêmes situations qu'on voit la prodigieuse différence qu'il y a entre le sentiment et le raison- nement, entre l'élégance et la dureté du style, entre cet art char- mant qui développe avec une vérité si touchante tous les replis du cœur, et la vaine déclamation ou la sécheresse.

1. Sur ces vers, voyez aussi tome XIX, pages 54 et '27(i.

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