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252 REMARQUES SCI! OTHON.

Vers 7 Je vaincrai l'horreur d'un si cruel devoir, etc.

Vaincre l'horreur d'un cruel devoir; ce qu'à ses désirs elle fait de violence, pour fuir les appas honteux d'une espérance indigne; la vertu qui dompte et bannit l'amour, et qui n'en souffre qu'un vertueux re- tour. Ce sont là des expressions qui affaibliraient les plus beaux sentiments.

Vers 16. Quittez vos yeux de père, et prenez-en d'amant.

Ce vers no prépare pas un intérêt tragique, et ce défaut revient souvent dans toutes ces dernières tragédies.

SCÈNE IV.

Vers 2 S'il faut prévenir ce mortel déshonneur,

Recevez-en l'exemple, etc.

Othon qui veut se tuer ainsi au premier acte pour une crainte imaginaire, et pour une maîtresse, excite plutôt le rire que la terreur ; rien n'est jamais plus mal reçu au théâtre qu'un déses- poir mal placé, et qu'on n'attendait pas d'un homme qui n'a d'abord parlé que de politique. Ajoutons que cette scène entre Othon et Plautine est très-faible. Je remarque que Plautine con- seille ici à Othon précisément la même chose qu'Atalide à Baja- zet; mais quelle différence de situation, de sentiments, et de style' Bajazet est réellement en danger de sa vie, et Othon ne court ici qu'un danger chimérique. Plautine est raisonneuse et froide. Ata- lide est touchante, et a autant de délicatesse que d'amour. Enfin, ce qui est de la plus grande importance, les vers de Corneille ne valent rien, et ceux de Racine sont parfaits dans leur genre. Comparez (rien ne forme plus le goût), comparez aux vers d'Ata- lide ces vers de Plautine :

Et n'aspire qu'au bien d'aimer et d'être aimé.

— Qu'un tel épurement demande un grand courage!... Et se croit mal aimé, s'il n'en a l'assurance '...

Et que de votre cœur vos yeux indépendants Triomphent comme moi des l roubles du dedans.

— Conservez-moi toujours l'estime et l'amitié.

C'est le style, c'est la diction qui fait tout dans les scènes où le spectateur est assez tranquille pour réfléchir sur les vers; et encore est-il nécessaire de ne point négliger la diction dans les

1. Ce vers et le précédent sont dits par Othon.

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