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248 REMARQUES SUR OTHON.

vogue à pleines roiles; mais quand l'auteur porto le sujet, quand il est accablé du poids de la difficulté, et refroidi par le défaut d'intérêt qu'il ae peul se dissimuler à lui-même, alors tous ses efforts sont inutiles. Corneille pouvait être d'abord échauffé par le beau portrait que fail Tacite de la cour de Galba, et par le dis- cours qu'il prête à cet empereur.

Le nom de Home était encore quelque chose d'important. Corneille avait assez d'invention pour former une intrigue de cinq actes; mais tout cela n'avait rien «l'attachant ni de tragique : il le sentit sans doute plus d'une fois en composant, et quand il fut au cinquième acte, il se vit arrêté. Il s'aperçut trop tard que ce n'était pas là une tragédie. Racine lui-même aurait échoue dans un sujet pareil.

��ACTE PREMIER.

��SCENE I.

Il y a peu de pièces qui commencent plus heureusement que celle-ci ; je crois même que de toutes les expositions celle d'Othon peut passer pour la plus belle, et je ne connais que l'exposition de Bajazet qui lui soit supérieure.

Vers 41. Je les voyois tous trois se hàtersous un maître,

Qui, chargé d'un long âge, a peu de temps à l'être, Et tous trois à l'envi s'empresser ardemment A qui dévoreroit ce règne d'un moment.

Corneille n'a jamais fait quatre vers plus forts, plus pleins, plus sublimes 1 ; et c'est en partie ce qui justifie la liberté que je prends de préférer cette exposition à celles de toutes ses autres pièces. A la vérité, il y a quelques vers familiers et négligés dans cette première scène, quelques expressions vicieuses, comme U mérite et le sang font un éclat m vous : on ne dit point/aire un dans quelqu'un.

1. «Voilà de l'aveu de Voltaire, dit encore Palissot, quatre vers sublime-, et véritablement nous n'en connaissons pas de plus beaux. Cependant quel est le peintre qui eût fait un tableau de cette métaphore si hardie ? Ce seul exemple aurait dû faire abjurer à Voltaire son système antipoétique sur la justesse des métaphores. »

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