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ACTE V, SCÈNE III.

��SCÈNE III.

��L'assassinat de Sertorius, qui devait faire un grand effet, n'en fait aucun : la raison en est que ce qui n'est point préparé avec terreur n'en peut point causer. Le spectateur y prend d'autant moins d'intérêt que Viriate elle-même ne s'en occupe presque pas ; elle ne songe qu'à elle, elle dit qu'on veut disposer d'elle a de son trône.

Vers I Ah, madame! — Qu'as-tu,

Thamire? et d'où te vient ce visage abattu ?

Que nous disent tes pleurs? — Que vous êtes perdue;

Que cet illustre bras qui vous a défendue, etc.

Qu'as-tuf d'où te vient ce visage? cet illustre brus! Vers 20. N'attendez point de moi de soupirs ni de larmes.

Il semble que l'auteur, refroidi lui-même dans cette scène, fait répéter à Viriate les mêmes vers 1 et les mêmes choses que dit Cornélie en tenant l'urne de Pompée, à cela près que les vers de Cornélie sont très-touchants, et que ceux de Viriate lan- guissent.

Vers 21. Ce sont amusements que dédaigne aisément

Le prompt et noble orgueil d'un vif ressentiment.

Ce sont amusements est comique, et le prompt et noble orgueil n'a point de sens. On n'a jamais dit un prompt orgueil; et assurément ce n'est pas un sentiment d'orgueil qu'on doit éprouver quand on apprend l'assassinat de son amant.

Vers 31. Et jusqu'à ce qu'un temps plus favorable arrive, Daignez vous souvenir que vous êtes captive.

J'ai dit souvent 2 qu'on doit soigneusement éviter ce concours de syllabes qui offensent l'oreille, jusqu'à ce que. Cela paraît une minutie ; ce n'en est point une : ce défaut répété forme un style trop barbare. J'ai lu dans une tragédie :

Nous l'attendons tous trois jusqu'à ce qu'il se montre. Parce que les proscrits s'en vont à sa rencontre.

1. Pompée, acte V, scène i rc .

'2. Voyez tome XXXI, page 452 ; et ci-dessus, pages 4 el 89

32. — Comm. sur Corneille. II. 15

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