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ACTE I, SCENE III. 189

SCÈNE III.

Ce premier couplet d'Aristie n'a pas toute la netteté <jui est absolument nécessaire au dialogue ; l'un et l'autre qui ont sa rai- son d'État contre sa retraite; Pompée qui veut se ressaisir par la vio- lence d'un bien qu'il ne peut voir ailleurs sans déplaisir.

Ces phrases n'ont pas l'élégance et le naturel que les vers de- mandent. Mais le plus grand défaut, ce me semble, c'est qu'A- ristie ne lie point une intrigue tragique ; elle ne sait ce qu'elle veut ; elle est délaissée par son mari ; elle est indécise ; elle n'est ni assez animée par la vengeance, ni assez puissante pour se venger, ni assez touchée, ni assez héroïque.

Vers o. Mais vous pouvez, seigneur, joindre à mes espérances, Contre un péril nouveau, nouvelles assurances.

Ces phrases barbares et le reste du discours d'Aristie ne sont pas assurément tragiques ; mais ce qui est contre l'esprit de la vraie tragédie, contre la décence aussi bien que contre la vérité de l'histoire, c'est une femme de Pompée qui s'en va en Aragon pour prier un vieux soldat révolté de l'épouser.

Vers 28. Mais s'il se dédisoit d'un outrage forcé...

J'aurois peine, seigneur, à lui refuser grâce.

Le mot de dédire semble petit et peu convenable. Peut-être s'il se repentait serait mieux placé. On ne se dédit point d'un ou- trage.

Vers 41. Vous ravaleriez-vous jusques à la bassesse... Ravaler ne se dit plus.

Vers 45 Laissons pour les petites âmes

Ce commerce rampant de soupirs et de flammes.

L'abbé d'Aubignac condamne durement ce commerce ram- pant, et je crois qu'il a raison ; mais le fond de l'idée est beau. Aristie et Sertorius pensent et s'expriment noblement; et il serait à souhaiter qu'il y eût plus de force, plus de tragique, dans le rôle de la femme de Pompée.

Vers 49. Unissons ma vengeance à votre politique, Pour sauver des abois toute la république.

On n'a jamais dû dire sauver des abois, parce qu'abois signifie les derniers soupirs, et qu'on ne sauve point d'un soupir ; on

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