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143 REMARQUES SUR PERTHARITE.

Grimoald dit à Rodelinde :

Vmis la craindre/ peut-être en quelque autre personne.

Grimoald entend parla le fils de Rodelinde, et il veut punir

par la mort du fils les mépris de la mère; c'est ce qui se déve- loppe au troisième acte. Ainsi Pyrrhus menace toujours Andro- maque d'immoler Astyanax si elle ne se rend à ses désirs : on ne peut voir une ressemblance plus entière; mais c'est la ressem- blance d'un tableau de Raphaël à une esquisse grossièrement dessinée.

Songez-y bien; il faut désonnais que mon cœur, S'il n'aime avec transport, haïsse ;i\e< - fureur? Je n'épargnerai rien dans ma juste colère ; Le fils me répondra des mépris de la mère '.

��ACTE TROISIEME.

SCÈNE I.

Vers o. Il y va de sa vie, et la juste colère

Où jettent cet amant les mépris de la mère,

Veut punir sur le sang de ce fils innocent

La dureté d'un cœur si peu reconnoissant.

C'est à vous d'y penser; tout le choix qu'on vous donne,

C'est d'accepter pour lui la mort ou la couronne.

Son sort est en vos mains : aimer, ou dédaigner,

Le va faire périr, ou le faire régner.

Ces vers forment absolument la même situation que celle d'Andromaque. Il est évident que Racine a tiré son or de cette fange. Mais, ce que Racine n'eût jamais l'ait, Corneille introduit Rodelinde proposant à Grimoald d'égorger le fils qu'elle a de son mari vaincu par ce même Grimoald ; elle prétend qu'elle l'aidera dans ce crime, et cela dans l'espérance de rendre Grimoald odieux à ses peuples. Cette seule atrocité absurde aurait suffi pour faire tomber une pièce d'ailleurs passablement faite; mais le rôle du mari de Rodelinde est si révoltant et si ennuyeux à la fois, et tout le reste est si mal inventé, si mal conduit et si mal écrit, qu'il est inutile de remarquer un défaut dans une pièce qui n'esl remplie que de défauts. Mais, me dira-t-on, vous faites un com-

1. Andromaque, acte 1 er , scène iv.

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