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110 REMARQUES SUR NICOMÈDE.

Vers 12. Vous pouviez vous passer «le mes einbrassements... Et vous ne deviez pus envelopper d'un crime Ce que voire victoire ajoute à votre estime.

Il a promis à son confident d'avoir bien peu de rudesse, et il commence par dire à Nicomède la chose du monde la plus rude : il Le déclare criminel d'État.

Ajoute à votre estime n'est pas français en ce sens. L'estime où nous sommes n'est pas notre estime. On ne peut dire cotre estime, comme on dit votre gloire, votrevertu.

Vers 16. Abandonner mon camp en est un capital, Inexcusable en tous, et plus au général.

Augènèral est un solécisme; il faut dans ungènéral.

Vers 27 Un bonheur si grand me coûte un petit crime.

Un petit crime; cette épithète n'est pas du style de la tragédie. Le crime de Nicomède est en effet Lien faible. Nicomède parle ici ironiquement à son père, comme il a parlé à son frère : car par ce désir trop ardent il entend le désir qu'il avait de voir sa maî- tresse. Il n'a point du tout d'amour pour son père ; le public n'en est pas fâché. On méprise Prusias. On aime beaucoup la hauteur d'un héros persécuté. Petit crime, bonheur si grand; ces contrastes affectés font un mauvais effet.

Vers 3<s L'âge ne me laisse

Qu'un vain titre d'honneur qu'on rend à ma vieillesse.

On rend un honneur; on ne rend point un titre d'honneur.

Vers 41. L'intérêt de l'État vous doit seul regarder.

Seul semble dire que Prusias abdique; et il est si loin d'abdi- quer qu'il vient de menacer son fds. C'est trop se contredire.

Vers 42. Prenez-en aujourd'hui la marque la plus haute. La marque haute !

Vers 43. Mais gardez-vous aussi d'oublier votre faute;

Et comme elle fait brèche au pouvoir souverain, Pour la bien réparer, retournez dès demain.

Cette expression faire brèche n'est plus d'usage : ce n'est pas que l'idée ne soit noble; mais, en français, toutes les fois que le mot faire n'est pas suivi d'un article, il forme une façon de parler proverbiale trop familière. Faire assaut, faire force de voiles,

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