ACTK I, SCÈNE II.
Toute métaphore, comme on l'a dit 1 , pour être bonne, doit être une image qu'on puisse peindre. .Mais comment peindre trois sceptres qu'un bras attache à un trône, et qui parlent ? D'ailleurs, puisque les sceptres parleront, il est clair qu'ils ne se tairont pas. Ces sortes de pléonasmes sont les plus vicieux; ils retombent quelquefois dans ce qu'on appelle le style niais : Hélas! s'il n'était pas mort, il serait encore en vie.
Versdern.il ne m'a jamais vu, ne me découvrez pas.
Il serait mieux, à mon avis, que Nicomède apportât quelque raison qui fît voir qu'il ne doit pas être reconnu par son frère avant d'avoir parlé au roi. Il semble que Nicomède veuille seu- lement se procurer ici le plaisir d'embrasser son frère, et que l'auteur ne songe qu'à ménager une de ces scènes théâtrales. Celle-ci est plutôt de la haute comédie que de la tragédie. Elle est attachante, et quoiqu'elle ne produise rien dans la pièce, elle fait plaisir.
SCÈNE II.
Vers 5. Si ce front est mal propre à m'acquérir le vôtre,
Quand j'en aurai dessein j'en saurai prendre un autre.
Mal propre, dans toutes ses acceptions, est absolument banni du style noble ; et par la construction il semble que le front de Laodice soit mal propre à acquérir le front d'Attale. De plus, prendre un front est un barbarisme. On dit bien : il prit un visage sévère, un front serein ou triste; mais, en général, on ne peut pas dire prendre un front, parce qu'on ne peut prendre ce qu'on a. 11 faut ajouter une épithète qui marque le sentiment qu'on peint sur son front, sur son visage.
Vers 7. Vous ne l'acquerrez point, puisqu'il est tout à vous.
Ces compliments, ces dialogues de conversation, ne doivent pas entrer dans la tragédie.
Vers 8. Je n'ai donc pas besoin d'un visage plus doux. Avoir besoin d'un visage!
Vers 10. C'est un bien mal acquis, que j'aime mieux vous rendre.
Laodice commence à prendre le ton de l'ironie. Corneille l'a prodiguée dans cette pièce d'un bout à l'autre. 11 ne faut pas sou-
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