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ACTE V, S Ci: NE IV. o07

se hàtc (le l'aire relomhcr le soupçon sur un autre, quelque |)cu vraisemblable que soit ce soupçon. D'ailleurs son trouble est une excuse.

On peut remarquer que quand Timagèiie dit (|iie Srleucus a parlé en mourant, la reine lui répond : Cest donc toi qui Tas tué? Ce n'est pas une conséquence : il a parle, donc tu l'os tue.

Vers SI. J'en ferois autant qu'elle h vous connoitrc moins.

Cet // n'est pas français; il faut si je vous connaissais moins; mais pourquoi soupçonnerait-il ïimagène? Ne devrait-il pas plutôt soupçonner Cléopàtre, qu'il sait être capable de tout?

Vers 40. Une main qui nous fut bien clière

Venge ainsi le refus d'un coup trop inhumain, etc.

Plusieurs critiques ont trouvé qu'il n'est pas naturel que Séleucus en mourant ait prononcé quatre vers entiers sans nom- mer sa mère ; ils disent que cet artifice est trop ajusté au théâtre ; ils prétendent que, s'il a été frappé à la poitrine par sa mère, il devait se défendre ; qu'un prince ne se laisse pas tuer ainsi par une femme, et que, s'il a été assassiné par un autre, envoyé par sa mère, il ne doit pas dire que c'est une main chère; qu'enfin Antiochus, au récit de cette aventure, devrait courir sur le lieu. C'est au lecteur à peser la valeur de toutes ces critiques. La der- nière critique surtout ne souffre point de réponse. Antiochus aimait tendrement son frère ; ce frère est assassiné, et Antiochus achève tranquillement la cérémonie de son mariage. Rien n'est moins naturel et plus révoltant. Son premier soin doit être de courir sur le lieu, de voir si en effet son frère est mort, si on peut lui donner quelque secours ; mais le parterre s'aperçoit à peine de cette invraisemblance, il est impatient de savoir comment Cléopâtre se justifiera.

Vers 67. Est-ce vous désormais dont je dois me garder?

Cette situation est sans doute des plus théâtrales : elle ne permet pas aux spectateurs de respirer. Quelques personnes plus difficiles peuvent trouver mauvais qu' Antiochus soupçonne Rodo- gune, qu'il adore, et qui n'avait assurément aucun intérêt à tuer Séleucus. D'ailleurs, quand l'aurait-elle assassiné ? On faisait les préparatifs de la cérémonie ; Rodogune devait être accompagnée d'une nombreuse cour ; l'ambassadeur Oronte ne l'a pas sans doute (juittée : son amant était auprès d'elle. Une princesse qui va se nuirier se dérobe-t-elle à tout ce qui l'entoure? Sort-elle du

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