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i.96 Hli.MARQUES SUR RODOGUNE.

SCÈNE m.

Vers 1 . Approchez, mes enfants : car l'amour maternelle,

Madame, dans mon cœur vous tient déjà pour telle.

Quoi ! après avoir demandé, il y a deux heures, la tète de Uodoguiie, elle leur parle iVamour maternelle ! Cela n'est-il pas trop outré ? llodogune ne peut-elle pas regarder ce mot comme une ironie? Il n'y a point de réconciliation formelle, les deux princesses ne se sont point vues.

Vers 27. Prêtez les yeux au reste.

Pourquoi dit-on prêter l'oreille, et que prêta- les yeux n'est ])as français? N'est-ce point qu'on peut s'empêcher à toute force d'en- tendre, en détournant ailleurs son attention, et qu'on ne peut s'empêcher de voir, quand on a les yeux ouverts?

SCÈNE IV.

Vers 4 4. Immobile, et rêveur en malheureux amant...

On est fâché de cette absurdité de Timagène, qui jetterait quelque ridicule sur cet événement terrible s'il était possible d'en jeter. Peut-on dire d'un prince assassiné qu'il est réceur en malheureux amant sur un lit de gazon? Le moment est pressant et horrible. Séleucus peut avoir un reste de vie ; on peut le secourir : et Timagène s'amuse à représenter un prince assassiné et baigné dans son sang, comme un berger de VAstrée rêvant à sa maîtresse sur une couche verte.

Vers 15. Enfin que faisoit-il ? Achevez promptement.

Enfin que faisait ce malheureux amant rêveur? Monsieur, il était mort. C'est une espèce d'arlequinade. Si un auteur hasardait aujourd'hui sur le thécàtre une telle incongruité, comme on se récrierait, comme on sifflerait, surtout si l'auteur était malvoulu ! Cela seul serait capable de faire tomber une pièce nouvelle. Mais le grand intérêt qui règne dans ce dernier acte, si dilférent du reste, la terreur de cette situation, et le grand nom de Corneille, couvrent ici tous les défauts.

Vers 2o. La tienne est donc coupable, et la rage insolente... I/ayant assassiné le fait encor parler.

Je ne sais s'il est bien adroit à Cléo[)àtre d'accuser sur-le- champ Timagène; mais, comme elle craint d'être accusée, elle

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